QG de la Police

Bureau de Maria Eoneun

C'était une nuit paisible. Trop, d'ailleurs: il n'y avait qu'un peu de paperasse à remplir. Non, plutôt signer: Maria ne s'occupait que de signer pour officialiser, le restant était effectué par ses subordonnés. Mais sa main frêle commençait à lui faire mal à force de répéter tant de fois le même geste. Même pas besoin de vérifier leur validité, elle avait engagé quelqu'un pour ça. C'est beau le capitalisme.
Cependant, un instant sa conscience lui donna une pichenette, elle se décida donc à prêter attention au document qu'elle était en train de signer. Seulement lui par contre, une fois n'est pas coutume. Mais elle aurait au moins l'air de savoir de quoi elle parle quand on lui demanderait la situation actuelle de la Police.

**Tiens, une demande de renfort à Domingo... Quels incapables ceux-là, la troisième en un mois... et toujours envoyé par leur stratège en plus, on dirait que leur commissaire se fend pas le c*l, lui. Olàlà...**

Elle releva son stylo avant d'avoir achevé de signer, et l'envoya dans la pile des rejetés. En fait, elle l'envoya dans un coin vide de son bureau, créant la pile des rejetés, plutôt. Simple détail.
Mais voilà que son subordonné #42 entrait dans le bureau en ouvrant violemment la porte, haletant.
Nouveau, il était arrivé il y a une semaine. Jeune, il devait avoir vingt ans. Qualifié, il était bardé de diplômes. Prometteur, ça non par contre. Trop énervé dès qu'il y avait une situation où il y avait la moindre probabilité de morts. Elle avait d'ailleurs remarqué que la quantité de sueur sur ses tempes quand il faisait irruption dans son bureau dépendait de cette probabilité.
Comme d'habitude depuis une semaine, elle s'apprêtait à se pencher pour mieux calculer la gravité de la situation à partir de la sudation de l'individu, mais la porte avait rebondi sur le butoir, et s'était refermé sur #42 aussi rapidement qu'elle s'était ouverte. Elle ne fit aucun commentaire, attendit qu'il entrât de nouveau, et demanda directement:

-Bon. C'est quoi, cette fois?

-Le mafieux dont on suit la trace avec le nouveau gadget depuis quelques temps... Il est sorti dans les quartiers noirs!

-Ah, très intéressant... Périmètre sécurisé?

-Oui, nous avons suivi votre plan à la lettre!

-Parfait. Que fait-il, présentement?

-Il marche avec un de ses compagnons. Personne dans le coin, sauf un homme. Un civil, vraisemblablement, on n'a rien sur lui.

-Vous ne pouvez pas le faire évacuer?

-Pas sans nous faire remarquer, vous connaissez le pouvoir de ce mafieux...

-En effet. Bon, j'y vais. Ma voiture est prête, j'imagine?

-Oui, juste en bas de votre fenêtre.

Elle hocha la tête, le remercia, ouvrit la fenêtre et se lança en bas, se ralentissant au fur et à mesure qu'elle aprochait du sol en utilisant le magnétisme pour adhérer à la paroi. Lissée totalement d'ailleurs, elle adorait faire ça. Elle toucha le sol, s'engouffra dans sa voiture, consultant un instant le GPS, et fonça vers le lieu où était son malfrat.


**Et dans quelques minutes... un autre de moins.**

=>Quartier noirs

[Nb: Ceci se déroule des semaines après l'affaire de l'homme invisible finalement jamais terminée, faute de partenaire de rp... Et la veille du soulèvement de la place de la fontaine par Nero. Bref, quand Domingo commence à ressembler à un champ de ruines, pas la peine d'être trop précis non plus =w=]



**Mais... qu'est-ce que c'est que ça?!**

Maria faisait sa tâche quotidienne de lecture des rapports visuels des différents commissariats et gendarmeries du pays. Depuis peu, elle utilisait un nouveau système: une carte géante de chaque ville était projetée devant elle, avec un cercle rouge pour chaque évènement, dont la grosseur était proportionnelle à l'importance. La plupart des villes était tachetée de rouge, sans plus. Un point plus gros que les autres? Maria zoomait, le rapport de l'évènement s'affichait, et si nécessaire, elle envoyait des renforts.

Arriva le cas de Domingo.
Rien, pas un point rouge. Mais d'immenses cercles rouges couvrant la moitié de la superficie de la ville. Ça, c'tait de l'évènement d'importance. Peu nombreux, mais leur grosseur signifiait une dévastation totale de l'endroit. Et elle crut deviner que le centre d'un des cercles était la gendarmerie. Zoom sur les évènements. Aucun rapport d'enregistré. Cela signifiait donc qu'aucun policier n'avait eu un moment de libre pour l'écrire. Autrement dit, qu'ils avaient des problèmes urgents, là-bas. Elle appela une recherchiste, lui demandant d'enquêter sur Domingo, en remontant jusqu'à une semaine, en précisant que c'était urgent.

Pendant ce temps, elle décida de se brancher sur le système de surveillance de la ville, système unique à Domingo, instauré, d'après ce qu'elle avait entendu, par le stratège sur place afin de mieux savoir ce qui se passait dans la ville.
Et on pouvait dire que c'était une bonne idée, dans le cas présent. [Auto-congratulation powa :3]
Une caméra sur trois fonctionnait dans les endroits sinistrés, mais c'était largement suffisant pour voir l'état des lieux. En gros, un incendie, une tornade, un ouragan et un tsunami, le tout en même temps, avec peut-être une pluie de météores. Sauf à la gendarmerie, qui était en parfait état. L'évènement devait donc être un assassinat, ou autre... Mais pour que ce soit de cette importante...
Menfin, elle verrait bien, car elle avait déjà pris sa décision: les renforts, ce serait elle. Il ne se passait plus rien à Fortenze. Les rares mafieux encore présents ne se précipitaient plus pour se faire mater, et la chasse à la souris n'avait jamais été son fort. Elle manquait de patience. Elle voulait de l'action. Et elle ne croyait pas que la dévastation de Domingo soit d'origine naturelle...

La recherchiste revint en courant dans le bureau de la commissaire.

-Commissaire! À Domingo, c'est... un plan secret!
-Un plan secret dont je n'aurais pas été mis au courant... bien sûr, bien sûr!
-Ils veulent supprimer tous les mafieux, qui sont, comme vous le savez, en grande concentration dans cette ville...
-Logique, mais là, ils font des dégâts pires que les mafieux! Avec ces méthodes, ils ont réussi à en tuer combien?
-Pas beaucoup, jusqu'ici... mais le but de ce plan n'est pas de tuer les mafieux, mais de raser la ville... Apparemment, certains policiers seraient corrompus et passé de l'autre côté... Et certains auraient même vu le maire en compagnie de mafieux...
-Je vois... Mais rien ne dit que raser la ville tuera les mafieux! Et les habitants, comment réagissent-ils?
-Comme vous savez, Domingo concentre la plus grande population de personnes ayant des pouvoirs au monde... Les meilleurs mafieux et policiers se trouvent là-bas, et le plan consisterait à utiliser de ces talents pour détruire la ville avec leurs pouvoirs dévastateurs...
-Bien, mais ça ne répond pas à la question.
-Ah oui, pardon. Aux dernières nouvelles, les policiers et mafieux auraient conclu une alliance contre cette destruction, et unissent leurs pouvoirs pour contrecarrer le plan.


Maria écarquilla les yeux, se tint subitement très droite sur sa chaise, et tressaillit.

-Une... alliance... entre policiers et mafieux?
-Oui.
-Ça ne marchera jamais!
-À date, deux membres du groupe de destructeurs sont morts, quand même...
-Non, mais dès qu'elle aura le dos tourné, la police se fera poignarder par les mafieux! Ils ne respectent pas leur parole, sont sournois, lâches mais cruels, vous savez!
-Euh... oui, mais...
-Pas de mais! Je pars dès l'aube! Le temps de signer mon propre formulaire d'envoi en guise de renfort, et je prends l'avion jusqu'à là! Combien de temps, le trajet?
-Trois heures...
-Parfait. Je réquisitionne un avion demain, pour une heure de l'après-midi! Juste après le dîner, je n'aurai pas à manger de leur bouffe infecte...
-...Comme vous voulez, puis-je me retirer?
-Ah oui, bien sûr, désolé! Merci pour ces précieuses informations, madame..?
-Felice. Philia Felice.
-Eh bien, merci de m'avoir aidé, madame Felice!
-De rien, commissaire, c'est mon travail! Et maintenant, si vous le permettez, je vais aller dormir...
-Faites, faites... D'ailleurs je vous suivrai dès ces formulaires de réquisition achevés. Au revoir!
-Au revoir!

Philia s'éclipsa. Maria soupira d'aise; demain sera une bonne journée.

[=>Aérogare]