Hotel Gialoni

Terano et Charlène marchaient toujours main dans la main en direction de l'hôtel, guidés par Trysh, qui était après tout la seule à savoir où était celui-ci. Le jeune homme était mentalement partagé entre deux tâches : écouter le double de l'adolescente, non sans vérifier qu'elle ne les menait pas n'importe où, et réfléchir à la soirée "boutique" qu'ils avaient passé. Certes, le parrain y avait gagné un accoutrement peu coutumier, qu'il n'était pas sûr de remettre un jour, mais il avait en revanche un bon souvenir qu'il garderait certainement pendant longtemps, non seulement à cause de ce qu'il s'était passé, mais en partie aussi à cause d'une pensée de Charlène à son propos, qu'il avait vraiment appréciée : celle qu'il était son meilleur ami.
Petit détail qui avait un peu gêné Terano - même si il s'était fait une raison et s'y habituait un peu à présent - : le fait tout simple qu'elle lui tenait la main, d'autant que c'était un geste surprenant de la part de la jeune fille, qui habituellement détestait le toucher.
Puis enfin ils arrivèrent devant l'hôtel Gialoni... Et si le Sicilien se contenta de jeter un regard noir à Trysh, l'adolescente donna carrément un coup de pied dans le genoux de son double. Cette dernière, à bout, tenta de frapper à l'épaule Charlène, mais Terano se plaça au milieu : le coup frappa l'épaule de Terano - qui ne sentit rien. En revanche, Trysh recula d'un pas en soufflant sur sa main et en la secouant dans tous les sens, les doigts endoloris.

Terano interrogea Charlène du regard - et par la pensée : ça ne le dérangeait pas vraiment, mais si elle préférait se rendre dans un autre endroit, ils bougeraient de là. Cependant, cette dernière fit comprendre qu'il faisait comme il voulait, et le parrain pénétra finalement à l'intérieur de l'hôtel. Du moins, c'est ce qu'il aurait fait si Trysh n'était pas en train de chercher des arguments pour que Charlène mette son diadème. L'adolescente finit par céder, et les deux jeunes gens pénétrèrent dans le bâtiment.
Les meubles éclataient de blancheur. La table de l'accueil était faite en marbre, et des chandeliers en argent étaient dispersées un peu partout dans la salle. Et oui, pour ceux qui ne l'auraient pas deviné, le Gialoni était tout de même un hôtel 5 étoiles.
Les deux amis s'avancèrent vers l'accueil, et Terano - qui avait continué par réflexe de prendre pour lui les émotions des gens autour - perçut plusieurs choses surprenantes : de la peur, et également une image qui venait régulièrement : celle d'une mante religieuse. Le parrain fronça les sourcils, mais il n'était pas au bout de ses surprises, quand, alors qu'ils s'arrêtèrent devant la réception, une personne habillée dans un costard cravate avec une petite étiquette "Directeur" vint directement vers eux, et, faisant une petite courbette devant Charlène, déclara avec un ton mielleux :

-Ravi de vous revoir, Madame Gaïo. Toujours aussi ravissante, et bien accompagnée, à ce que je vois. Nous allons immédiatement préparer la Suite Royale. Nous vous montons vos distractions habituelles ?

Charlène hocha légèrement la tête, hésitante, mais une information trouvée dans l'esprit de l'homme créa chez elle un blocage, et elle commença à rougir. Terano, qui avait suivi les pensées, intervint et déclara :

-Montez uniquement les boissons et les appareils électroniques, s'il vous plait.

Le directeur jeta au parrain un regard suspicieux, mêlé à la surprise, car il ne s'attendait visiblement pas à une intervention du jeune homme. Mais le client était roi, et puisque Charlène hochait la tête aux paroles de Terano, il se contenta d'acquiescer et de faire signe à plusieurs employés autour d'eux.
Derrière les deux jeunes gens, mais visible et audible seulement pour ces derniers, Trysh insultait le parrain et la jeune fille, et fit mine de partir. Mais comme ils ne réagissaient pas, elle revint finalement près d'eux en leur faisant clairement la gueule - ce qui n'était pas nouveau.
Pour occuper la probable demi-heure d'attente, les deux amis allèrent au bar boire un petit verre. Le parrain commanda pour lui un verre de ponch, et l'adolescente prit pour sa part un verre de vodka.
Ils prirent tous deux leur temps pour boire, aussi, ils venaient de terminer leur verre quand un majordome vint les voir afin de leur dire que la Suite était prête. Quand ils passèrent devant l'accueil, Terano pensa à prévenir qu'ils attendaient une personne du nom de Josh Carter et demanda à ce qu'il les rejoigne dans leurs "appartements".
Rien que l'ascenseur en jetait : ce dernier faisait après tout la taille de la chambre de Terano, et le majordome proposa même de leur servir un verre - un petit meuble-bar était posé dans un coin, prêt au service. Le parrain refusa cependant l'offre, pour lui-même comme pour Charlène, estimant qu'il serait mieux qu'ils ne boivent pas de trop durant la soirée.
Ils arrivèrent finalement dans la Suite. L'ascenseur s'ouvrit sur un petit couloir, qui débouchait sur le salon, particulièrement grand. Le sicilien pensa à donner un "petit" pourboire au majordome, avant de lui dire qu'il pouvait les laisser. (ouais on dirait pas comme ça mais c'est pas la première fois qu'il va dans un 5 étoiles). L'adolescente se précipita tout de suite sur le grand canapé installé face à un magnifique écran plat en dessous duquel on avait mis une demi-douzaine de consoles de jeux vidéo. Pour en finir avec l'électronique, il y avait même dans le coin le plus proche de la télé un bureau avec un ordinateur, et Terano sourit en voyant que c'était un Mac : enfin des gens qui avaient des goûts valables en matière d'informatique.
Voyant que la jeune fille était déjà en train d'allumer une des consoles, Terano se dit qu'il pourrait visiter les lieux plus tard, et, posant les sacs à l'intérieur desquels étaient leurs achats de la soirée, prit le premier livre qu'il trouva à l'intérieur - à savoir, l'Amulette de Samarcande - et alla s'asseoir non loin d'elle.
Soudain, Charlène se leva du canapé et partit en direction du balcon, une manette de Xbox à la main. Le jeune homme se retourna et la vit en train d'allumer une cigarette tout en commençant à jouer à distance. Il soupira en secouant négativement et dit d'une voix forte :

-Bon, si tout à l'heure je tousse, c'est normal.

Sur ces mots, le jeune homme s'immergea dans son bouquin, tandis que Charlène finit sa cigarette et continua à jouer. Au bout d'un certain temps, elle se mit s'énerver sur le jeu pour une raison inconnue de Terano. Du moins, c'est-ce qu'il pensa, puisqu'il ne comprit strictement rien à la phrase qu'elle sortit. Le jeune homme crut bon de sortir à ce moment là :

-Hé, Charlène... Bartiméus il me fait bien penser à toi quand même...

-Ben voyons... Vous devez être sacrément puissant pour m'avoir comme esclave... Alors, quant à vous... Je suis l'inspiration du moment là... Donc, je dirai que vous me faites penser à Jabor pour l'intelligence, Faquarl pour l'affabilité, Kitty pour le pacifisme, Makepeace pour la beauté, Mr Underwood pour la force de caractère.... Ou alors Nathaniel.... Oui, Nathaniel. Sauf que si vous finissez comme lui, je prendrai la peine de jouer du violon...

-Et bien, quel tableau... Et je suppose qu'il faudra que je lise la série en entier pour comprendre ce que tu viens de dire, mais d'ici là, je retiens.

-Les graphismes de ce jeu sont schtuffés, par contre les personnages ont le charisme d'un bouton de porte. Et puis les doublages sont aussi bien fait que ceux de la vf de FullMetal Alchemist. Y'a Edge qui me fait penser à vous aussi, et c'est pas forcément un compliment.

Terano regarda l'écran, comme pour voir de quoi elle parlait. Il hocha brièvement la tête, et, apercevant un des personnages, dit :

-Oui si tu veux... Et tiens, c'est marrant, la petite là, elle me fait un peu penser à toi aussi...

Il avait dit ces derniers mots avec un sourire, et avec un ton rigoleur. La réaction de Charlène fut assez surprenante : elle se leva de son siège, revint dans le salon la cigarette au bec, et éteignit la Xbox. Le parrain fut également assez vif de son côté : il se leva du canapé, attrapa du bout des doigts la cigarette de Charlène, fonça dans la cuisine, arrosa allègrement la clope avec de l'eau et la jeta ensuite dans la poubelle.
Quand il revint, l'adolescente était assise à la place de Terano et avait allumé la GameCube. Deux manettes étaient branchées : la jeune fille en tenait une, et l'autre était posée à côté d'elle. Charlène toussotait légèrement, regardant à l'affilé Terano et la manette. Le parrain eut un sourire et prit la manette. Charlène s'étant allongée, il souleva les pieds de cette dernière, s'assit puis reposa les pieds sur ses genoux. Il lui adressa ensuite un petit sourire, se demandant à quoi ils allaient bien pouvoir jouer, pour que l'adolescente veuille qu'il participe.

Au bout de deux heures Josh arriva enfin à l'hôtel, il le regarda pendant quelques secondes et un sourire se forma sur son visage.

- "Décidément, elle ne se refuse rien."

Effectivement l'hôtel était loin du petit établissement miteux qu'on croise souvent mais bel et bien et 5 étoiles de grand luxe. Après avoir admirer le façade du bâtiment il se décida à entrer et découvrir l'intérieur. Il ne fut pas déçu des souvenirs du temps où il avait pu profiter du même genre de luxe en France refirent surface mais il n'eut pas vraiment le temps d'y penser puisque un homme fondit sur lui, en le regardant Josh comprit qu'il n'allait pas lui proposer une chambre et pour cause il n'avait pas vraiment l'allure d'un homme pouvant se permettre de dormir dans ce genre d'hôtel.

- "Bonsoir, nous sommes désolé monsieur mais il n'y a plus de chambres disponible pour cette nuit."

D'habitude il envoyait balader le petit personnel mais cette fois il ne savait pas trop quoi faire étant donner qu'il était invité. Il tenta donc une approche bien moins agressive que prévu.

- "Bonsoir, je me nomme Josh Carter, une amie m'a invité à venir passer la nuit ici. Elle se nomme Charlène ... Gaïo Il eut une légère hésitation sur le nom mais il lui semblait que c'était le bon. Elle était accompagnée normalement.

Comme Charlène n'avait pas mentionné Terano il ne jugea pas utile de donner son nom pour le moment. Un homme s'approcha alors, il portait une étiquette "directeur" sur son costard, il arborait un grand sourire, il congédia l'homme qui s'était occupé d'accueillir Josh avant de s'adresser à lui.

- "Bonsoir monsieur Carter, je vous souhaite la bienvenue à l'hôtel Gialoni. Madame Gaïo nous a prévenu de votre arrivée, nous allons vous amener à sa chambre tout de suite. Passez une agréable nuit dans notre établissement monsieur Carter."

Le changement radical qui s'était opéré entre les deux hommes l'écœura mais il ne fit rien paraitre et se contenta d'afficher un très mince sourire pendant que le directeur lui parlait. Lorsque celui ci eut fini il fit revenir l'autre employé d'un signe de la main et lui demanda d'accompagner Josh jusqu'à la chambre, celui ci s'exécuta sans broncher et emmena Josh vers un ascenseur, celui ci appréciait le luxe de l'hôtel, ça faisait si longtemps qu'il n'avait pas pu apprécier ce genre d'endroit. L'employé proposa à boire, Josh ne comprit pas tout de suite puis remarqua un bar, il prit un cocktail très fruité qu'il eut juste le temps d'entamer avant que l'ascenseur ne s'arrête, un long couloir débouchait sur un salon, le groom lui souhaita une bonne soirée puis repartit dans l'ascenseur. Josh s'avança jusqu'au salon d'où des son assez étranges parvenaient. En arrivant il put voir d'où venait les bruits, deux personnes jouaient à la console, il reconnut facilement Charlène qui était pour l'occasion magnifique, quant à la personne qui l'accompagnait il eut un léger doute sur le fait que ce soit Terano étant donné qu'il avait un look totalement différent d'avant, ce qui était le plus choquant résidait dans la coupe de cheveux ainsi que la couleur de ceux ci, tout avait changé. La position était inhabituelle aussi, Charlène était allongée, les jambes posées sur Terano, une position qui n'aurait posé aucun problème s'il les savaient en couple mais là ce n'était pas le cas où alors les choses avaient énormément changées en peu de temps. Il se décida à donner un signe de vie pour leur indiquer sa présence, ils semblaient tout les deux absorber par le jeu.

- "Hey !"

A peine eut-il prononcé ses mots qu'une chose étrange se déclencha, il croisa le regard de Charlène et c'est alors que son sosie apparut de nul part totalement nu puis se mit à courir en sa direction. Josh ne comprit absolument pas ce qu'il se passait, il était impossible que ce soit une illusion créé par Charlène, elle ne ferait pas quelque chose de ce genre, c'est alors qu'il repensa à Trysh, se pouvait-il qu'elle lui apparaisse? Le temps prit à réfléchir fut bien trop long et quand il arriva à cette conclusion Trysh le serrait dans ses bras. Totalement prit de cour Josh lança des regards vers Charlène et Terano comme pour leur demander de l'aide. Il se trouvait dans une position particulièrement ridicule et avait les bras coincés le long du corps par l'étreinte de la jeune fille. Il parvint enfin à formuler une phrase adapté à la situation.

- "L'un d'entre vous peut m'expliquer ce qu'il se passe?"

Jouer à Tales of Symphonia, avec Terano se révélait bien plus attractif que Charlène n'avait osé le croire. De par leur lien télépathique, ils pouvaient toujours anticiper l'action de l'autre et par conséquent, appréhender de la meilleur façon possible une stratégie correspondant à la situation. Et même si au début, il faut l'avouer, le parrain avait légèrement galéré dans l'utilisation de la manette et des techniques de combat, il se débrouillait pas trop mal à présent. Bien sûr, il était loin du niveau de la gamine, mais en même temps, lui, ce n'était pas un geek qui passait le plus clair de son temps ( et le plus obscur aussi \o/) à se prélasser devant un bon jeu. Donc, heureusement pour lui qu'ils jouaient ensemble et non l'un contre l'autre, sinon...

Les deux amis furent cependant dérangé au bout de quelques minutes, après avoir commencé à jouer, par le portable de Charlène. Cette dernière s'étonna grandement devant la réaction de son double : Trysh s'était carrément jeté sur le téléphone et semblait désirer à tout prix que Josh se ramène le plus vite possible. Et bien que celle-ci s'attarda longuement à se foutre de lui, elle prit tout de même la peine de lui indiquer le chemin en prenant soin de glisser quelques détails plus que futiles. Évidemment, si une tierce personne avait assisté à la scène, elle n'aurait vu que Charlène s'adresser à Josh via le portable. Mais soit, les deux jeunes gens ne firent pas longtemps attention à cet échange, et continuèrent de se battre contre les monstres virtuels. La gamine s'émerveillait toujours du style de son personnage favori, un jeune homme aux cheveux flamboyants, élu d'un monde prospère et corrompu. Alors le voir composer des enchaînements dans une valse et une grâce infinie la rendait toute chose...

Lorsque le Sicilien obtint un niveau appréciable de Gamers, l'adolescente régla quelques critères de combat et l'ajusta en mode Mania - le plus dur du jeu. Elle voulait voir si son ami arriverait à suivre le mouvement, et elle ne fut pas déçue : l'un des combats des plus ardues, celui du colisée fut terminé en un temps record. La jeune fille était même sûre qu'ils avaient décroché un score jamais vu en combo ! Il aurait fallu qu'elle immortalise ce moment pour s'en vanter sur le net, mais bon, sans un appareil photo...

Comme défoncer l'ennemi sans grande difficulté risquait de devenir lassant à force, elle hésitait à alterner avec un autre jeu. Cependant, ses réflexions furent interrompues par une question du jeune homme :

« Tiens, j'y pense... Le directeur t'a appelé Gaïo tout à l'heure... C'était le nom du mari de Trysh ?

- Fais pas ton Hugo toi !

- ... Moui, c'était bel et bien le nom de famille du frère d'Emilien...

- Qu'est-ce que tu sais sur sa famille ?

- Eh ! Faut pas nous prendre pour des jambons non plus ! Charlène, lui réponds pas ! »

Le silence retomba dans la pièce, et Trysh cru que son double lui obéissait pour une fois, mais elle avait totalement tort : en réalité, elle réfléchissait sur les données qu'elle possédait sur cette famille. Presque tous les membres proches de Guillaume étaient décédés, à part une seule personne - qu'elle aurait bien voulu voir morte, mais sinon... A part leur lien avec la mafia, elle ne voyait pas... Comment ça, la mafia ? Secouant la tête pour se mettre les idées en place, Charlène essayait de comprendre pourquoi ce mot était apparu dans le schéma de ses pensées, mais déjà, tout s'estompait... Cela devait sûrement être un effet de son imagination, tout simplement. Ne prenant pas la peine de dire quoi que ce soit à son boss, elle se contenta d'utiliser son pouvoir de Télékinésie pour éteindre la console, et en allumer une autre avant d'y glisser un jeu. Sans faire le moindre mouvement.

Ico regarda Yorda pendant quelques instant, puis tendit vers elle, une main tremblante. Il avait peur. Peur qu’elle le laisse, qu’elle l’oublie, et ne veuille plus rester avec lui... La fille s’approcha du garçon d’une démarche maladroite, bien qu'habituelle, et déposa, comme tant de fois auparavant, sa fine main blanche dans celle du gamin. Comme si ce simple geste était devenu naturel. Ico sourit et, serrant bien fort la main de Yorda dans la sienne, se dirigea droit devant lui, dans les dédales du château.

Des ombres. Et Yorda. Toute seule. Ico devait la sauver ! Mais il ne pouvait rien faire. Désireux de hurler, courir vers elle et prendre sa main… Mais c’est impossible, il était totalement encerclé, et la voyait disparaître petit à petit, happé par...

« Hey ! »

L'adolescente décrocha son attention de la télé à contre-cœur, et leva les yeux vers Josh qui venait enfin - repars va !- d'arriver dans le salon. Avant qu'elle n'eut le temps de lui dire quoi que ce soit, un corps non vêtu lui obstrua une partie de son champ de vision, et elle comprit avec effroi que Trysh faisait encore des siennes. Cette dernière s'était littéralement jeté sur le jeune homme, et ne semblait vouloir le lâcher pour rien au monde. Charlène de son côté, avait tout juste eu le temps de cacher les yeux de Terano, afin qu'il n'assiste à rien de toute la scène, et qu'il ne regarde pas non plus... ( Enfin, vous m'avez compris <_<). Ce dernier lui fit comprendre mentalement qu'il avait œuvré pour ne plus voir Trysh et qu'elle pouvait enlever sa main. Ce qu'elle fit avec hésitation, bien qu'elle avait confiance en lui, et reporta son attention sur son double.

« L'un d'entre vous peut m'expliquer ce qu'il se passe?

- Les deux méchants arrêtent pas de me snobber, ouiiin ! Occupe-toi de moi ! »

Trysh fit mine de pleurer contre le torse de Josh, et ce dernier, pris de court, lui répliqua qu'il voulait bien lui accorder de son temps si elle s'habillait. Chose faîte à contre-coeur : elle se para d'une robe bien plus outrageuse que celle de son double, et qui épousait ses formes à la perfection.
L'adolescente soupira de lassitude, lança un regard incrédule à Terano et déposa la manette à côté d'elle - bien qu'elle aurait voulu jouer un peu plus avec Ico, pour traîner Yorda - perso qu'utilisait le parrain- autant qu'elle le souhaitait. Elle finit par se lever en traînant les pieds, pour montrer son mécontentement, se saisit du téléphone avant de partir sur la terasse afin d'y fumer une cigarette.

« Bonsoir... Est-il encore possible d'être servi ? Oui ? Bon et bah, Terano, vous voulez ? Et toi Josh ?

- Des sushis !

- Un steak frittes.

- Euh... Et bien, vous avez entendu, c'est bon ? Mh, ah, et... De la blédina, votre meilleur café et votre meilleur chocolat, ainsi qu'une bouteille d'alcool se mariant le mieux avec les sushis et une, euh non, deux bouteilles de Vodka. »

Raccrochant sans plus de cérémonie, elle fixa Josh d'un air désabusé. Un steak frittes ? C'est complètement écœurant comme nourriture... Et dans un hôtel 5 étoiles, la logique aurait voulu qu'il réclame des mets somptueux... Mais là... Enfin, c'était peut-être tout bonnement quelqu'un de simple ~~d'esprit~~. Ricanant légèrement, elle eut l'idée d'aller prendre une douche et en fit part aux deux jeunes hommes, puis sa double personnalité rajouta :

« Eh ! Viendez viendez ! Il y a un jacuzzi, une grande douche, et tout...

- Seulement si Charlène est d'accord. »

La susnommée opina en souriant benoîtement : mais bien sûr ! Comme si elle allait le laisser venir avec elle ! Se retournant vivement, elle sortit le dernier album de Nightwish, le fourra dans le lecteur audio, enclencha la piste 6 et partit en trombe vers la salle de bain. Pour l'atteindre, elle devait d'abord passer par la cuisine, et ensuite par une chambre. Enfin arrivée à destination - au bout d'une minute quoi !-, elle se dévêtit totalement après avoir vérifié plusieurs fois qu'elle avait verrouillé la porte. Rassurée, elle choisit la simplicité, et prit une simple douche, délaissant ainsi le jacuzzi.
Un petit temps s'écoula, avant que la gamine ne sente un léger effleurement près d'elle. Cette dernière s'apprêter à dire à Trysh qu'elle n'avait aucunement besoin d'aide pour se frotter le dos, quand un détail l'arrêta : la peau semblait différente au toucher. Les oreilles bouchaient par le bruit de l'eau, elle ouvrit des yeux ronds - qui ne tardèrent pas à piquer à cause de la mousse-, en voyant Josh en caleçon, et retint un hurlement. Son premier réflexe fut de lui balancer tout ce qui lui arrivait à portée de main -notamment la savonnette.
De son côté, Trysh pouffait : c'était elle qui avait rouvert la porte avec son don de télékinésie, et encore elle qui avait incité le jeune homme à rejoindre Charlène sous la douche.

Terano, qui était jusque là assis dans le salon, perçut soudainement un dégoût profond venant de Charlène, et il en comprit vite la cause en analysant ses pensées : Josh venait de pénétrer dans la douche. Le parrain, soupirant, fonça à travers toute la suite pour aller le déloger. A la porte de la salle de bain, il repéra l'endroit où était Josh, puis, par respect pour la pudeur de la jeune fille, ferma les yeux, rentra, attrapa Josh par le cou et sortit de la pièce en trainant le jeune homme.
Une fois revenue dans le salon, le sicilien se campa devant Josh et le frappa un grand coup derrière la tête. Supposant que ce serait suffisant, Terano repartit s'asseoir, et recommença à bouquiner, tout en écoutant distraitement la musique que l'adolescente avait mise peu de temps auparavant. Distraitement, jusqu'à ce qu'il capte au refrain les paroles de la chanson :

"Eva flies away
Dreams the world far away..."

Le jeune homme soupira... Charlène se foutait quand même pas mal de sa gueule pour mettre une chanson appelée Eva. Mais comme la chanson était agréable à entendre, le parrain le prit comme une sorte de compliment pour la jeune sicilienne.(même si ça devait pas être l'intention de départ)
Soudain, la porte de l'ascenseur s'ouvrit, et un majordome débarqua, apportant un plateau avec les plats demandés, à savoir les sushis, le steak frites de Josh, deux bouteilles de vodka et une bouteille de saké qui accompagnait les sushis.

-On va attendre que Charlène revienne avant de commencer à manger, non ? Dit Terano à Josh, qu'il voyait prêt à attraper son assiette à la moindre marque d'inattention.

Ils n'eurent cependant pas à attendre trop longtemps pour que l'adolescente arrive enfin, bien propre, et qu'elle s'assoit à côté d'eux. Et tandis que Josh attaquait son assiette, le parrain tendait un verre de vodka à la jeune fille, puis, montrant le plateau de sushi, dit :

-Tu en veux ?

Pour toute réponse, Charlène attrapa ses baguettes et s'apprêta à attraper un des sushis quand Trysh, qui était derrière Charlène, fit des siennes : utilisant son pouvoir de télékinésie, elle envoya une des baguettes dans l'oeil de Charlène, et le sushi préalablement visé vola en direction de la tête de Terano. Si ce dernier n'en fut pas trop gêné (puisqu'il avait attrapé le sushi avec les dents), l'oeil de l'adolescente se mit en revanche à saigner, si bien que Terano alla chercher dans la salle de bain quelques mouchoirs en papier histoire d'arrêter le flux sanguin.
Le message était cependant clair : Trysh ne voulait pas que Charlène avale ne serait-ce qu'une miette de nourriture.

-Dis-moi, Charlène, est-ce qu'il faut que je la tape ?

-Vous salissez pas les mains, et t'façon, j'ai pas faim.

Terano baissa légèrement ses épaules, signe qu'il avait compris, et se servit un petit verre de saké avant de manger un premier sushi accompagné d'une large dose de wasabi et légèrement trempé dans de la sauce soja.
Le reste du repas se passa relativement bien, et ce malgré les quantités de saké et/ou vodka ingérées par Terano et Charlène, qui étaient sommes toutes suffisantes pour donne un coup dans l'aile à pas mal de personnes, bien que les deux jeunes gens ne semblaient pas encore montrer signe d'une quelconque ivresse.
Quand ils eurent terminé de manger -et bien bu pour Charlène et Terano-, le sicilien eut la subite idée d'aller visiter la suite dans sa totalité. Il revint deux minutes plus tard, avec une expression grave sur le visage :

-J'ai un truc à vous annoncer : il n'y a que deux lits dans la Suite. C'est pas bien grave, je prendrai le ca...

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase : la jeune fille venait de sauter sur le canapé, s'allongeant de façon à montrer qu'elle prenait pour elle le canapé. Le jeune homme soupira, puis, changeant de sujet, déclara :

-Bon, maintenant, qui veut d'un dessert ?

Il capta assez vite un regard positif de la part de Charlène, mais Trysh, postée non loin, lui jetait un regard noir, montrant clairement que Charlène n'en toucherait pas une miette. Passant par la voie mentale, et se concentrant pour que le double ne capte rien, il dit à l'adolescente :

"Est-ce que tu veux que je fasse en sorte que Trysh te laisse manger tranquille ?"

"Faites ce que vous voulez."

Terano hocha la tête, l'air de rien, et d'un seul coup, se précipita vers Trysh, le poing prêt à frapper. Le parrain n'avait cependant pas prévu que le double était assez doué au combat rapproché. Il s'ensuivit que le coup fut esquivé et que l'autre riposta d'un coup de pied derrière le genou de Terano. La résistance de ce dernier l'empêcha de souffrir, mais le coup le fit en revanche trébucher vers l'avant. Il parvint cependant à se rattraper et fit face à Trysh juste à temps avant qu'elle n'essaye de le frapper à nouveau.
C'est alors que le double trébucha, comme si quelque chose l'avait complètement désorienté. Le sicilien perçut les traces d'une impulsion mentale, visiblement lancée par Charlène. Avant qu'elle ne se reprenne, le parrain invoqua son arme, qu'il changea en bouclier, et assomma Trysh avec.

Quelques instants plus tard, le jeune homme appelait par le biais du téléphone pour commander le dessert :

-...donc ça sera trois mousses au nutella et neuf crêpes au même parfum.

Il raccrocha le téléphone et se tourna vers Charlène, qui était toujours agrippée au canapé. Se disant qu'il trouverait bien un moyen de la déloger, il commença par aller s'asseoir sur elle. La réaction de l'adolescente fut simple : elle rentra la tête dans le tissu du canapé et se mit à remuer comme un asticot afin de déloger le jeune homme. Ce dernier finit par se relever, et réfléchit pendant quelques instants, avant de finalement réinvoquer son arme, qu'il changea cette fois-ci en revolver. Il visa, puis tira à côté de l'adolescente. La balle créa un écran isolant qui se glissa entre la jeune fille et le canapé. Terano n'avait cependant pas prévu un effet secondaire de la balle isolante : Charlène se retrouva propulsée en l'air. Elle frôla le plafond, puis retomba, et Terano du foncer pour la rattraper alors qu'elle n'était plus qu'à un mètre du sol.

Après que les commandes des repas soient prises Charlène parla d'aller se doucher, son double ajouta que Terano et Josh pouvaient venir, le premier ne prit pas compte de cette remarque mais Josh n'était pas désintéressé par l'idée et demanda l'avis de Charlène qui fit part de son accord ... enfin c'est ce que pensait Josh, la fatigue ou l'abus de grenadine avait dû altérer sa persuasion pour qu'il ne se rende pas compte de l'ironie de cette réponse. Il prit donc le chemin de la salle de bain peu après Charlène et entra dans la douche en caleçon, il fut surpris de voir Charlène nue et comprit qu'il avait manqué quelque chose quand il reçu la totalité des objets jetables à portée de la jeune fille sur lui. Alors qu'il s'apprêter à s'excuser et sortir il fut tiré par le cou et amener au salon où Terano le frappa à l'arrière de la tête, en chemin il avait quand même réussit à récupérer ses vêtements et une serviette ce qui lui permit de s'habiller. Juste après un majordome arriva avec les plats commandés, Josh qui avait une faim de loup était à deux doigts de plonger sur son steak frites lorsque Terano lui rappela d'attendre Charlène. Celle ci arriva peu de temps après et il eut enfin la liberté de manger, ça faisait un moment qu'il n'avait pas pu manger de steak frites, un plat qu'il adorait et même si il avait remarqué un regard assez suspect de la part de Charlène après la commande il se fichait totalement de l'endroit auquel il se trouvait et des menus somptueux qui y étaient proposés. Il remarqua quelque chose d'assez suspect quand la jeune fille voulu se servir de ses baguettes pour manger, l'une d'elles arriva dans l'œil de Charlène et Josh n'eut pas le temps de réagir que Terano était déjà là avec des mouchoirs pour s'occuper de la jeune fille. Il décida de ne plus s'occuper d'eux pour profiter de la nourriture, il prêta quand même une oreille au dessert commandé, de la mousse et des crêpes, le tout au chocolat, ça lui convenait parfaitement.
Au moment où il se leva pour apporter l'assiette qu'il venait de finir à la cuisine il vit Charlène bondir du canapé alors qu'elle y était confortablement installée juste avant.

- "Faudrait ptét arrêter l'alcool vous deux, vous allez finir par casser quelque chose."

Agrippée fermement au canapé comme si sa vie en dépendait, Charlène guettait une probable tentative de délogeage de Terano. Un dur combat risquait d'être mené pour l'attribution des places de nuit, et elle ne céderait aucunement celle qu'elle avait établi dans le salon ! De ce fait, lorsque le jeune homme s'assit sur son dos, elle se débattit le plus violemment possible tout en réprimant sa gêne,le visage caché dans le tissu. Comme sa démarche se conclut sur un échec, il opta pour l'utilisation de son artefact et la gamine eut tout juste le temps de sentir le mince écran se créer sous elle avant d'être projetée dans les airs. Alors que son corps retombait à cause de notre amie la gravité, la jeune femme rageait silencieusement contre son boss. Comment avait-il pu ne pas prévoir l'un des effets de sa propre arme ? Soit, l'alcool commençait à faire effet ou alors, c'était juste un... Ses réflexions s'arrêtèrent au même moment où elle fut réceptionnée in extrémis par le fauteur de trouble, et son esprit - de par l'alcool et la situation- dériva un instant sur un soi-disant prince charmant. Ironie.

« Faudrait ptét arrêter l'alcool vous deux, vous allez finir par casser quelque chose. »

Les yeux vairons de la gamine croisèrent l'iris ambrée du jeune homme, notant ainsi une certaine note de dégoût. Feinte ou réelle ? Après tout, qui voudrait d'elle comme princesse ? Aucun être censé. Délicatement, elle fut reposée à terre, et se retourna immédiatement vers Josh, pour sortir un discours sur ses hauts faits :

« Je suis Charlène ! Je suis Idril Minyatur, Daisy Frumblefoot of Bywater, la lionne des Tsiganes ! J'ai reconstruit les murs de la maison de poupées d'Allisson, de Tiphaine et de Joan. Je me suis entretenue avec Salomée. J'ai parcouru les jardins avec mon chien. J'ai veillé la jeune Ambre jusqu'à ce que son jouet explose et que les pigeons dévorent son goûter. Je suis Charlène ! Je ne me reconnais point de maître. Aussi je te somme à mon tour, homme. Qui est-tu pour me conseiller ?

- Pfiou, quelle adaptation, on croirait le vrai, y'a même les répétitions.

- Maiiiiiis ! C'est pour le staïleuuuuh ! »

Voyant le Sicilien hausser les épaules à sa dernière remarque, elle ne put s'empêcher de lui décocher un coup de poing dans les côtes d'un geste rageur. Personne n'a le droit de se moquer de Bartiméus !
Un échange de pensées très bref leur permit de se mettre d'accord sur une chose : un combat déciderait de l'attribution des lits. Ainsi, la gamine s'éloigna de Terano et se mit en position de combat. Elle savait pertinemment que par la résistance de ce dernier, elle n'avait que très peu de chance d'avoir l'avantage sur lui au corps à corps. Par conséquent, il valait mieux utiliser ses dons mentaux, comme la Télékinésie ou l'hypnose d'où le périmètre de sécurité.
Son regard se promena rapidement sur toute la disposition des lieux. Le paquet de café ainsi que le chocolat étaient posés sur une petite table, placé juste au-dessus d'un lustre en cristal. Plusieurs pots de fleurs étaient disposés un peu partout contre les murs, où sur ses derniers, étaient accrochés une bonne dizaine de cadre de tout sorte de mouvement artistique. Par contre, un endroit devait être évité le plus soigneusement possible : celui où étaient entreposées les consoles ainsi que les jeux. Si quelque chose leur arriverait, elle ne s'en remettrait jamais...

Le sachet de café voleta sur quelques mètres avant d'atterrir dans la main tendue de l'adolescente. Cette dernière sourit d'un air carnassier à son adversaire, lui faisant ainsi comprendre que s'il ne se rendait pas, le contenu serait déversé sur le sol sans aucune pitié. De son côté, Terano ne mit pas longtemps à réagir et reproduit l'acte d'intimidation de Charlène, sauf que cette fois, l'otage invoqué fut le boîtier de ToS. Complètement bloquée et perdue, la jeune fille resta les yeux écarquillés devant cette scène : qu'allait-il faire à son bébé ? Et si... et si... Les larmes dévalèrent le long de ses joues, l'empêchant ainsi de s'apercevoir que le parrain venait d'invoquer le sachet dans sa propre main. Dans un hoquet, elle leva vers lui un petit minois désespéré, et étrangement, cela sembla affecter le jeune homme puisqu'il reposa la boîte respectueusement sur la table.

Le prisonnier délivré, plus rien ne contraignait les mouvements de la gamine, ce qui explique relativement la raison de son geste : ses deux poignards filèrent vers leur cible à une vitesse vertigineuse, aidés par le pouvoir de télékinésie. Le premier se dirigea vers la gorge du jeune homme alors que l'autre dévia vers son entrejambe. Cependant, les lames furent bloquées par une plateau en argent qui venait d'apparaître brusquement devant Terano. Invocation de mes deux... Les couteaux disparurent ainsi du champ de vision de l'adolescente, et des légers tintements à peine perceptible s'élevèrent dans la pièce.

Une gerbe de terre, directement prélevé du pot de fleur à la droite du parrain, s'infiltra dans les yeux de celui-ci. A l'instant où il commença à se frotter les paupières, un bruit effrayant provint du plafond : la base du lustre venait de céder. Le chandelier s'écrasa durement sur le jeune homme, qui chancela sous la violence de l'impact, et bascula sur le canapé, donnant par conséquent la conclusion : vu l'état divan, nul ne pourrait dormir dessus, à moins de faire ami ami avec les bouts de verre.

Charlène observa, un sourire aux lèvres, son boss se prendre les pieds dans le tapis, puis carrément s'étaler sur le sol. Profitant de la situation, elle s'empressa de le rejoindre et contrairement à ce qu'on aurait pu croire, ne l'aida pas à se relever : coinçant les mains de Terano avec ses genoux, elle s'empara à nouveau d'un poignard tandis que son autre main tirait les cheveux de son adversaire, afin de planter sa lame dans l'iris ambré de son œil droit. Tout cela, sans la moindre note de clémence.
Le couteau se rapprocha dangereusement vers sa cible, mais un coup sur le poignée de la gamine le fit voler à une bonne distance du combat : Terano, dans une souplesse stupéfiante, avait réussi à lui asséner un coup de pied, en relevant ses jambes vers l'arrière.

*Hého, doucement avec ça, j'ai pas envie de perdre un oeil moi.*

Hébétée, la jeune femme resta ainsi à fixer la chevelure qu'elle tenait fermement dans ses doigts. Pourquoi avait-elle était si loin, alors que le canapé était désormais hors d'usage ? Relâchant lentement la pression qu'elle exerçait sur le crâne du jeune homme et tentant de se relever, elle frôla sans le vouloir les côtes de ce dernier, qui fit parcouru d'un léger frisson. Les sourcils froncés, une esquisse de sadisme sur le visage, elle laissa glisser ses doigts le long des flancs de Terano. Chatouilleux, hein ? Ce dernier ne put réprimer un rire, sous la minutieuse caresse qui n'épargnait pas la moindre parcelle de peau. Elle continua sa torture, un long moment, toujours assis sur le bas du dos de son boss et ne prêtant pas attention à ses suppliques : Non ! Elle n'arrêterait pas !
La porte du salon s'ouvrit quelques instants plus tard, le majordome venait d'arriver avec le dessert.

Bien que l'issue du combat semblait au début de celui-ci incertaine, il tourna très vite en faveur de Charlène quand cette dernière commença finalement à chatouiller Terano au niveau des côtes, faisant rentrer le jeune homme dans un fou rire tel qu'il se retrouva vite obligé de capituler, et de crier à l'abandon entre deux éclats de rire.
Il s'avéra cependant que l'adolescente n'avait pas du tout l'intention d'arrêter malgré les suppliques du parrain, si bien qu'elle continuait encore sa "torture" quand le majordome pénétra dans la suite. Il sembla ne pas prêter attention à l'étrange spectacle qui se déroulait, et se contenta de reprendre le plateau du diner et de le remplacer par celui contenant les desserts commandés un peu plus tôt.
Il sortit ensuite de la pièce sans prononcer un mot de plus. Terano, voyant le dessert, y vit une occasion de la faire arrêter :

"Charlène, si tu arrêtes pas, je vais manger ta part de dessert."

"Vous feriez comme Trysh ?"

Tant pis pour le coup de bluff - non, dans tous les cas il ne l'aurait pas fait-, et le jeune homme se retrouva donc obligé de trouver autre chose pour faire cesser le supplice.
Il ne lui restait guère d'option. Il pouvait encore essayer de kidnapper un des jeux, mais avec la jeune fille en train de le chatouiller, il était incapable d'avoir assez de concentration pour le téléporter à lui, et il n'avait guère d'espoir d'atteindre l'endroit où ils étaient posés en rampant, car elle n'aurait aucun mal avec sa télékinésie à les mettre hors de sa portée.
La seule solution qui lui restait était d'essayer de se retourner et d'emporter la jeune fille avec lui, de façon à ce qu'elle se retrouve en dessous de lui. Il y avait peu de chance que ça marche, mais il pouvait essayer.
Il tourna sur lui-même, essayant de garder avec son poids Charlène dans son dos.
Sa tentative était cependant vouée à l'échec. Il se retrouva bien sur le dos, certes, mais contre le sol : l'adolescente était à présent face à lui, penchée en avant. De cette dernière note, il fallait prendre en considération deux conséquences supplémentaires au fait que le jeune homme était toujours victime des chatouilles : leur deux visages étaient assez proches l'un de l'autre, et le parrain avait une vue plus que respectable sur sa poitrine. Il put ainsi noter divers détails, tels que la cicatrice que portait la jeune fille au cou -ce qui lui fit avoir quelques interrogations sur sa provenance. Cependant, le fait de se retrouver ainsi eut une conséquence fâcheuse sur la teinte générale du visage du sicilien : ce dernier prenait en effet petit à petit une couleur proche du rouge pivoine, ce qui fait quand même un beau rouge, il faut l'admettre.
Elle continua tout de même à le chatouiller pendant à peu près 30 secondes, jusqu'à ce qu'elle se rende compte de sa position et de la réaction de Terano. Elle se leva d'un bond, permettant à Terano de faire de même, non sans toussoter légèrement.

L'attention des deux jeunes se porta ensuite sur le dessert : une mousse au nutella et trois crêpes par personne, Josh ayant déjà commencé à manger sa part. Les deux jeunes gens s'assirent l'un à côté de l'autre et attaquèrent le plat devant eux.
Une sorte de silence s'instaura, chacun étant en train de déguster son plat savoureusement, et le seul bruit audible fut celui des ~~mandibules~~ moustiques.
Après quelques minutes, alors que le jeune homme avait finit de manger ses crêpes, il sentit un regard se poser sur sa mousse au nutella : tournant la tête, il vit Charlène, la tête penchée, en train de fixer sans ciller celle-ci, et il put voir que c'était parce qu'elle avait déjà mangé la sienne.
Le parrain eut un instant de réflexion, puis, comme pour l'instant il mangeait par gourmandise, il plaça ostensiblement sa mousse entre lui et la jeune fille, et en prit une cuillère. Quand il s'apprêta à en prendre, il restait la moitié du pot. Quand il voulut en prendre une troisième cuillère, le pot était vide.
Il faut préciser qu'en plus du dessert, ils avaient ingérés quelques verres supplémentaires d'alcool, et il était clair qu'ils n'avaient pas vraiment le même comportement qu'en situation normale.
Tournant la tête, le sicilien vit l'adolescente en train de fouiller dans les DVDs. Terano alla à côté d'elle et commença à chercher également : il avait compris que l'idée était de trouver un film à regarder histoire de terminer la soirée. Après quelques minutes de recherche, le jeune homme leva triomphalement un boîtier qu'il montra à la jeune fille : Pirate des Caraïbes. En réponse, elle attira à l'aide de sa télékinésie une bouteille de vodka jusqu'à sa main, et se mit à chanter :

-Yo ho Yo ho nous sommes, nous sommes les pirates les forbans !
Nous allumons et nous carbonisons, nous enflammons et mettons à feu
Nous brûlons vers le haut de la ville, nous sommes vraiment un effroi
Trinquons mes jolis Yo ho !

Terano prit cette réponse pour un oui, et il la laissa aller mettre le dvd tandis qu'il allait s'asseoir par terre, appuyé contre un des deux fauteuils. Josh alla s'installer sur l'autre fauteuil. Puis Charlène revint, prit une chaise et s'apprêta à s'asseoir, mais la chaise disparut soudainement sans explication plausible.

"Même les chaises ne veulent pas de moi..."

Le parrain leva les yeux au ciel en secouant brièvement la tête. La jeune fille fonça soudainement vers Terano, puis, sans s'arrêter, lui marcha dessus, passa au dessus de lui -mettant sa jupe en plein dans la face du jeune homme- et commença à s'asseoir. Mais le sicilien ne devait pas être d'accord, car il attrapa alors le pied de l'adolescente et tira jusqu'à ce qu'elle retombe au sol à côté de lui. Elle se tourna vers lui et lui jeta un air interrogateur, et il renota avec cette fois-ci plus d'attention qu'elle portait des lentilles de la même couleur que ses yeux à lui. Il remarqua également qu'elle s'était doucement rapprochée de lui, au point d'être à présent contre lui. Il ne réagit cependant pas face à cela, appréciant même d'une certaine façon qu'elle se mette ainsi.

Alors qu'il se dirigeait tranquillement vers la cuisine Josh fut stoppé par un discours assez particulier de Charlène.

- "Je suis Charlène ! Je suis Idril Minyatur, Daisy Frumblefoot of Bywater, la lionne des Tsiganes ! J'ai reconstruit les murs de la maison de poupées d'Allisson, de Tiphaine et de Joan. Je me suis entretenue avec Salomée. J'ai parcouru les jardins avec mon chien. J'ai veillé la jeune Ambre jusqu'à ce que son jouet explose et que les pigeons dévorent son goûter. Je suis Charlène ! Je ne me reconnais point de maître. Aussi je te somme à mon tour, homme. Qui est-tu pour me conseiller ?"

Il voulu lui répondre mais une fois de plus Terano fut le plus rapide.

- "Pfiou, quelle adaptation, on croirait le vrai, y'a même les répétitions."

- "Maiiiiiis ! C'est pour le staïleuuuuh !"

Au vu de ces deux remarques Josh ne préféra pas faire de commentaire et alla déposer la vaisselle à la cuisine. Il continua ensuite son chemin vers les chambres après avoir choisit celle qui lui plaisait le plus il revint dans le salon pour y chercher le peu d'affaires qu'il avait. Lorsqu'il arriva dans le salon il aperçu Charlène sur Terano en train de le chatouillé, il nota également l'état du canapé et des bouts de verres qui assurés une décoration du plus belle effet. Un majordome arriva avec le plateau des desserts, chose qui força Josh a rester plus longtemps que prévu dans le salon, ce dont il se serait bien passé vu ce qu'il se passait entre ses deux compagnons. Il prit ses desserts et les dégusta, il trouvait toujours qu'il n'y avait pas assez de chocolat mais cette fois il n'eut pas cette sensation. Il put voir que Charlène et Terano s'étaient assis l'un à côté de l'autre et finirent même par partager le mousse au chocolat. Il commença à se demander si les deux ne finiraient pas ensemble dans les jours à venir ou même si ils n'étaient pas déjà ensemble. Tandis que les deux se levèrent pour aller chercher un DVD Josh alla porter ses affaires dans la chambre. Il entendit la voix de Charlène qui semblait chanter, quand il arriva à nouveau au salon elle était occupée à mettre en route le film, il prit place dans un fauteuil tandis que Charlène et Terano prirent place au sol. Enfin Charlène n'avait pas envie de s'asseoir au sol puisqu'elle se plaça d'abord sur la tête du sicilien avant que celui ci ne la fasse redescendre à côté de lui. Josh regarda à nouveau le couple et aperçu que Charlène était contre Terano.

- "Vous comptez annoncer bientôt que vous êtes ensemble?"

Il s'attendait à ce que Charlène essai de l'assassiner mais bon, il voulait s'amuser aussi.

Ciel ! Les gens sont-ils complètement stupides ou simplement attardés ? C'est vrai quoi, tout ça parce que Charlène était légèrement contre Terano, Josh insinuait qu'ils étaient en couple... Sans oublier que le vendeur du magasin de fringues avait sorti la même foutaise. Nan mais oh, c'est inimaginable que des jeunes gens soient collés l'un à l'autre - en tout amitié - sans arrière pensées ? Ou peut-être que son ami disait ça parce qu'il...

« T'es jaloux ? »

La jeune femme avait prononcé ses quelques mots en s'éloignant légèrement du parrain, juste assez pour qu'ils ne soient plus en contact. Elle-même ne pensait à rien de mal, en s'étant mise ainsi sur lui, mais comme Josh semblait se faire des films, autant ne pas en rajouter pour le moment.

« C'est possible. »

Juste après ce semi-aveu de la part de son ami d'enfance, les sourcils de la gamine se levèrent. Alors, elle ne s'était peut-être pas trompée, il l'enviait réellement ? De ce fait, elle commença à se relever tout en disant que s'il le désirait, ils pouvaient toujours échanger : suggérant ainsi qu'il convoitait la place à côté de Terano, et non celle de ce dernier. Cependant, le Sicilien ne semblait pas vraiment d'accord, et l'avait attrapé par la main pour l'empêcher de "fuir".

« Ha mais non, reste ! C'est pas que je l'aime pas mais j'aurai pas l'impression de gagner au change.

- Le fauteuil est plus confortable que le sol donc je préfère ne pas bouger. »

Haussant les épaules et sans lui lâcher la main, elle s'assit à nouveau près de son boss. Cependant, cette fois-ci, elle ne se contenta pas de juste se mettre coude à coude, mais s'installa contre le creux de son épaule, la tête posée sur le torse du jeune homme. Pensant brièvement que contrairement à ce qu'avait pu affirmé Josh, être sur le sol était vraiment agréable, l'adolescente reporta son attention sur le film. Ses lèvres bougeaient silencieusement, esquissant la moindre des répliques, notamment un certain "smitty", montrant sans le vouloir qu'elle connaissait chaque acte par cœur. C'est d'ailleurs une des raisons qui la fit piquer du nez, non pas que le film l'ennuyait... Sauf qu'après l'avoir vu plus d'une vingtaine de fois... De plus, l'alcool n'aidant pas, elle finit pas glisser inconsciemment vers le bas, et son visage, se retrouva sur les genoux de Terano, tourné vers ce dernier. La seule chose qui lui traversa l'esprit avant de s'endormir complètement, c'est que dans une famille normale, c'était sûrement courant...

De son côté, Terano n'avait ébauché le moindre mouvement pour déloger la gamine de sa nouvelle position, et puis, ça ne semblait pas le déranger plus que ça. Pire encore ! Il passa sa main sur les cheveux d'ébène de celle-ci, dégageant de cette façon les mèches qui retombaient sur son visage blafard. ( Un élan paternel peut-être ? Moahahahah)
La suite du film se déroula sans autre fait notoire, et quand celui-ci se termina sur un magnifique 'Yo ho', l'adolescente dormait toujours. Josh ne s'attarda pas plus dans la pièce, souhaitant tout de même bonne nuit au Sicilien - et pas à Charlène, ahaha, qui lui rendit la pareille.
Le jeune homme attendit encore cinq minutes, pour voir si elle se réveillait d'elle-même, avant de la secouer légèrement par les épaules.

« Grmpf, il est confortable ce canapé... »

Ouvrant des yeux ensommeillés, elle s'aperçut enfin qu'elle n'était pas vraiment sur un meuble mais plutôt sur quelqu'un et se reprit :

« Grmpf, ils sont confortables ces genoux.

- Merci du compliment. »

Charlène -partie fumer une clope sur la terrasse- accorda un sourire à son "repose-tête" ou son "lit de fortune", qui commença à expliquer comment faire pour l'attribution des places : ils dormiraient chacun de leur côté dans le même lit. Cela ne la déstabilisait plus vraiment vu qu'elle lui faisait totalement confiance et qu'elle savait pertinemment que ce n'était pas un-vieux-profiteur-qui-bavait-sur-les-petites-jeunettes-dans-son-genre ! s'emporta-t-elle dans ses pensées. Le seul problème dans tout ça, c'était l'odeur de cigarette : soit-disant que le jeune homme ne la supportait pas. Ainsi, elle partit directement dans la salle de bain après qu'ils se soient mis d'accord : il se changeait dans la chambre tandis qu'elle le faisait dans l'autre pièce.
Elle prit tout de même le temps de se décrasser -même si elle était déjà propre, afin d'enlever l'odeur de fumée, pour ne pas incommoder le parrain. Après avoir décrété que c'était suffisant, ce fut au tour du pyjama d'être maltraité : elle avait complètement oublié qu'elle avait acheté un truc si... court ? Le balançant à travers la pièce, elle chercha des yeux quelque chose d'autre à se mettre, et à part un peignoir... Que dalle.

*Bon bah, va pour pour se simili de vêtements*

Les cuisses à peine couvertes par le tissu, la poitrine serrait par le tee-shirt et le ventre dénudé, l'adolescent partit à la hâte vers Terano, pour lui souhaiter bonne nuit et l'embrasser brièvement sur la joue. Bon, par malchance, il était assis et elle avait donc du se baisser... Espérons juste qu'il a laissé ses yeux dans sa poche...
Juste après avoir compris ce fait, elle se jeta presque vers l'autre côté du lit, pour cesser cette situation plus que gênante, en se cachant rapidement sous les couvertures.

Dès que Charlène fut partie dans la salle de bains, le jeune parrain déplia le pyjama acheté dans la soirée, avec la fameuse inscription "I am the boss" qui le fit sourire un bref instant. Il l'enfila en vitesse, sans trop de difficultés, malgré son état d'ébriété évident.
Il s'assit sur le lit, en prenant vaguement conscience qu'au moins il devrait s'endormir sans mal vu les quantités d'alcool qu'il avait ingérés.
Un bruit à l'entrée de la chambre lui fit tourner la tête. Et il prit instantanément une magnifique couleur rouge en voyant Charlène : cette dernière n'était habillée que d'un débardeur assez décolleté, et s'arrêtant avant le ventre, et d'un mini-short. Le jeune homme devait admettre qu'elle était vraiment jolie, et même assez séduisante, habillée de la sorte.
L'adolescente s'avança vers lui, et, se penchant, l'embrassa sur la joue, ce qui eut pour seul effet de le faire devenir encore plus rouge, si c'était possible.
Mais malgré le fait qu'il soit rouge, il ne put détacher son regard de la jeune fille jusqu'à ce qu'elle se soit allongée dans le lit, de son côté. A ce moment là, il fit un geste qui le surprit : il se releva tant bien que mal, fit le tour du lit et alla l'embrasser sur le front.
Il chercha ensuite des yeux l'interrupteur, et partit éteindre la lumière.
Quand il revint à côté du lit, il se rendit compte qu'il ne savait plus de quel côté s'était mise Charlène. Bon, une chance sur deux, et il pensait ne pas faire d'erreur : il partit du côté droit du lit. Il mit les couvertures en arrière et s'allongea dans le lit, sur le côté. Il eut juste le temps de passer sa main sous le coussin qu'il se remarqua qu'il recevait comme une petite brise régulière sur le bas du visage et dans le cou. Il sentait également une pression sur son torse, et ses genoux étaient en contacts avec un objet non identifié.
C'est alors qu'un rayon de lune vint confirmer ses doutes : il s'était trompé de côté et était à présent collé contre Charlène. Le rayon de lune éclairait le minois de la jeune fille, ainsi que la partie de son corps qui n'était plus recouverte par les draps. La pression contre son torse s'avérait être - au grand dam du jeune homme - la poitrine de l'adolescente, ce qui n'arrangea guère l'état du parrain.
Ce dernier n'osait d'ailleurs pas bouger, car si elle se réveillait, il avait conscience qu'il aurait du mal à s'expliquer. Et le fait d'être collé contre elle l'empêchait étrangement de fermer l'oeil. Comme il n'avait que cela à faire, il se mit à étudier le visage de Charlène.
Il fut immédiatement séduit par le minois paisible de la jeune fille, pour les raisons qui suivent : si elle était mignonne en temps normal, une fois endormie, l'adolescente devenait plus que belle et craquante aux yeux du jeune homme - même si l'alcool y était en parti pour quelque chose.
Le sicilien, de plus en plus attiré par son amie, commença à laisser son instinct l'envahir : il passa délicatement son bras gauche autour du corps de Charlène, posant sa main dans le creux de son dos, la rapprochant par ce geste encore plus vers lui. Il savait qu'il oubliait un détail qui avait son importance, mais que l'alcool et la jeune fille collée contre lui balayèrent comme un fétu de paille. Il se laissait maintenant dominer par l'envie qui le prenait, et qui était d'embrasser sur les lèvres l'adolescente. Chose qu'il finit par faire, sous la forme d'un long mais simple baiser.
Il faillit sursauter en sentant les lèvres de la jeune fille s'entrouvrir, mais la seule conséquence fut que son baiser fut un peu plus long et passionné. Il recula finalement son visage, mais il n'eut que le temps de respirer que la jeune femme passa sa main derrière la nuque de Terano, et l'embrassa à son tour. Le jeune homme se laissa alors complètement aller, et ses baisers devinrent de plus en plus fiévreux.
Au bout de deux ou trois minutes passées à s'embrasser passionnément, les deux jeunes gens commencèrent à rouler sur le lit, collés l'un à l'autre. A la fin, le parrain se retrouva sur le dos, Charlène allongée sur lui. Ils continuèrent à s'embrasser pendant un petit moment avant que les choses ne commencent à dévier...

Quand le jeune homme commença à émerger, il fut tout de suite assailli par un horrible mal de crâne qui l'empêcha pendant un moment d'ouvrir les yeux. Cela ne l'empêcha cependant nullement de sentir, posé sur lui, un corps clairement féminin. Il entrouvrit légèrement les yeux et reconnut à côté de son propre visage celui de Charlène. C'est alors que revint subitement à sa mémoire la totalité de la soirée précédente... Le tout créa à l'intérieur du jeune homme beaucoup de remords, et une terrible gêne... Comment avait-il pu faire ça ? Mettre l'entière faute à l'alcool était quand même un tout petit peu trop facile.
Chassant tout cela de sa tête, il commença plutôt à faire une première chose : déplacer la jeune fille en espérant qu'elle ne se réveille pas. Il la souleva légèrement et la retourna le plus lentement possible avant de la redéposer à côté de lui. Il crut pendant un bref instant avoir totalement réussit l'opération, mais il changea vite d'avis quand il sentit la jeune fille s'agripper soudainement à lui. Pire, il sentit à la forme des pensées qu'il s'agissait de Trysh, et il comprit en les suivant un instant qu'elle le prenait pour quelqu'un d'autre, et tenta de se dégager. Il se rendit alors compte qu'elle pleurait, ce qui le surprit grandement. Elle le lâcha subitement, en se rendant compte que c'était Terano qu'elle agrippait, et lança :

-Désolé.. ah euh nan c'est pas à toi que je parlais.

Le parrain haussa un sourcil tout en se reculant légèrement : il venait de voir dans son esprit que la raison de ses pleurs était liée à des évènements qui s'étaient déroulés dans un rêve qu'elle avait fait... rêve où Charlène la suppliait pour qu'elle ne meurt pas, et il entrevit un bref instant celui qui causerait la mort du double : lui-même.

S'éveiller de bon matin, après un cauchemar des plus horribles, dans le même lit que l'être aimé après une folle nuit de passion, avait quelque chose de plaisant. Du moins, c'est ce que Trysh pensa quelques secondes avant de s'apercevoir avec effroi, que son compagnon de couche n'était pas Guillaume, mais bel et bien Terano. Comment avait-elle pu confondre cet homme répugnant avec son bel Apollon à la chevelure dorée ? Peut-être ce mal de crâne omniprésent qui l'empêchait de penser, mais qui ne lui faisait en rien oublier les passages apocalyptiques et déchirants de son songe. Images s'imprimant douloureusement sur sa rétine, lui rappelant chaque seconde quelle fin atroce elle allait connaître. Toute cette souffrance, éclaircit par les sommations de Charlène. Des suppliques gorgeaient de géhenne et de tristesse, lui arrachant des sanglots incontrôlés. Alors, son double l'aimait vraiment, malgré toute l'infamie que Trysh avait pu commettre ? Impossible, ce n'était qu'une illusion que son cerveau avait crée pour combler le manque, l'indifférence que Charlène faisait preuve à son égard. De plus, si elle-même mourait, son hôte suivrait le même chemin, or, dans sa prémonition, elles possédaient toutes deux un corps. Étrange et improbable. Sans oublier qu'un poltron comme Terano aurait été incapable de la battre, elle.

La jeune femme bafouilla quelques peu à l'attention de son camarade chambre, et sentit quelque chose de salé s'immiscer dans la brèche de ses lèvres. Des larmes ? D'un geste brusque, elle essuya les perles argentés qui ruisselaient sur les fines courbes de son visage ; pour quelqu'un comme elle, pleurer était indigne de sa personne ! Reportant toute sa rage sur le fomenteur, facteur de sa détresse inhabituelle, elle se jeta sur lui pour enfoncer ses pouces dans les orbites du jeune homme, afin d'enlever de sa vue cette iris ambrée, bien trop similaire à celle de son ex-mari. Outre le fait qu'elle pouvait contrer la résistance de ce débile, en blessant la partie la plus vulnérable de son corps. Évidemment, ce dernier n'eut aucun mal en empêcher d'accomplir son acte d'ultime sauvagerie en l'attrapant fermement par les poignets. Prenant peu à peu conscience de certaines choses dérangeantes, elle comprit qu'ils n'avaient pas du passer la nuit à dormir : les cheveux mouillés, l'haleine sentant légèrement l'alcool, son débardeur à l'envers, son corps anciennement collé à celui du jeune homme... Indices suscitant encore plus de mépris.
Elle voulait également lui faire goûter sa vengeance divine, pour avoir osé souillé Charlène de ses mains rebutantes et de... sa semence ?

« Vous vous êtes protégés ?

- Ah euh... je sais plus... répondit-il en la lâchant, avant de se lever. »

Un aveu qui résonna durement à ses oreilles. Habituellement, l'adolescente prenait la pilule, et utiliser d'autres moyens pour se soustraire aux maladies indésirables... Mais là, elle n'avait pas pu les prendre ces derniers jours. Et pour rien arranger les choses, elle était presque persuadée qu'elle était dans la période d'ovulation... Que faire ? Le tuer maintenant ou attendre que Charlène reprenne confiance pour l'acculer dans un profond désespoir ?

*Merde c'est vrai on s'est protégé ou pas ?*

Cette pensée venant du parrain rendit l'avanie de la gamine à son paroxysme. Ne digérant plus du tout cette posture affligeante, elle sortit également du lit à baldaquin, se prenant fortuitement les pieds dans les couvertures en soie noire, décorée de fines et discrètes broderies. Elle désirait de tout son être lui balancer au visage toute sa bile, ce goût amer qui traînait dans sa bouche, et commença donc à l'attaquer sur son acte horrible :

« Tu n'es vraiment qu'un fumier, un compost, un salaud, un... un... ! Charlène n'a que 11ans, et tu as osé la maculer de tes pattes infectes ! Profiter de son innocence, et s'amuser avec elle... Tu sais ce que c'est ce genre de choses ? De la pédophilie !

- J'étais bourré, elle aussi, et pédophile, désolé, même si elle est censée avoir 11 ans mentalement, elle a pas vraiment le corps d'une fille de 11 ans, et elle a pas non plus eu la réaction d'une gamine de cette âge là.

- Même ! C'est facile de rejeter tes actes sordides sur l'abus d'alcool ! Et remettre en partie la faute sur Charlène, en prétextant qu'elle n'a pas eu une réaction d'enfant... C'est justement le genre d'arguments qu'utilise les vicelards dans ton genre pendant leur procès. Et tu oublies pas quelque chose ? Tu es censé être un adulte, parrain qui est plus d'une famille assez influente, donc, devoir faire preuve de responsabilités !

- Je le regrette franchement, mais malheureusement, quand on a ingurgité autant d'alcool que nous hier soir, on les oublie très vite, tes fameuses responsabilités.

- Tu le regrettes, hem... Putain, tu me fais gerber. »

Comme Trysh savait que son double avait profité de son inconscience pour se goinfrer de nourriture, elle plongea ses longs doigts fins dans le fond de sa gorge afin de régurgiter tous aliments consommer la vieille. Cependant, Terano avait du prévoir un geste dans ce genre là, et l'avait attrapé par les cheveux pour l'empêcher de le terminer. Son cuir chevelu en prenait un coup, et la douleur provoqué, battait contre ses tempes. Elle l'aurait volontiers renvoyée à Charlène, sauf que cette dernière semblait déjà dans les filets d'une chimère particulièrement abominable, et préféra donc s'abstenir. Mettant son orgueil de côté, elle fit comprendre silencieusement au jeune homme qu'elle ne récidiverai pas et l'étreinte sur sa chevelure se relâcha brutalement.

Mais son repentir ne fut de quelques durées, et à peine fut-elle libérée, que la gamine balança au parrain un risque de cafardage sur les événements de la nuit. Autant à Charlène qu'à Eva.
Violemment projetée à terre, une lueur de peur dans les yeux, elle resta un moment la main posée sur sa lèvre fendillée, preuve d'un coup de poing portée sur son visage parfait. Une telle réaction la laissait sans voix : comment avait-il pu la frapper alors que c'était le corps de Charlène ? Ne demandant pas son reste, elle s'enfuit dans le salon sans jeter un seul coup d'œil derrière elle. Bon dieu, pourquoi tant de haine ? La tête légèrement brumeuse, elle attrapa son paquet de cigarettes et son mp4, et sortir sur le balcon. Un peu d'air frais pour lui changer les idées...

Alors même qu'elle allumait son poison quotidien, un supplice funeste lui fit plier les genoux, heurtant le sol avec dureté. Quelque chose d'innommable s'insinuait peu à peu en elle, lui coupant même le souffle et lui donnant le tournis. Charlène souffrait horriblement, tellement que Trysh en ressentait les méfaits. Et encore, elle savait que par rapport à elle, elle subissait un centième du châtiment de son double...

____

Charlène sentait toute force le quitter, le regard rivé sur le petit bracelet en or blanc du jeune homme qui lui faisait face. Elle s'affaissait progressivement, sentant ses genoux faiblir sous elle, tandis qu'elle cherchait le contact des yeux de Terano, dont le visage était dénué d'émotions. D'un geste brusque et rempli de violence, il la désarma avant de lui donner un coup de pied dans la mâchoire. Elle s'affala au sol, en se couchant sur l'arrière comme une poupée de lin ; mais ses yeux, ternes et tristes, étaient toujours rivés sur celui qui avait été... son meilleur ami.

Une lueur de démence éclaira le visage de celui-ci, et tenant son épée, il marcha d'un pas lent vers le corps de la gamine, grotesquement repliée sur ses genoux. Cette dernière fixait une gourmette, recouverte de sang - comme ses mains. Les inscriptions étaient devenues illisibles à cause de ce liquide infecte, qui la faisait glisser contre son propre poignée. Pourquoi ? Pourquoi avait-elle fait ça ? Alors qu'elle goûtait enfin au bonheur, et que presque toutes pensées suicidaires l'avaient abandonné, elle commettait l'irréparable. Pourquoi ? Perfide, parjure, traîtresse... Quel mot pouvait le mieux la qualifier en cet instant ? Déchet ?

Vide. A l'image de l'univers. Vide. Charlène se sentait vide, à présent. Vierge de sensations, vierge de pensées, vierge de réflexions. Tout semblait fonctionner au ralenti. Tout était comme figé. Le temps s'était arrêté tout autour de la jeune femme, à une exception près.

Seul Terano semblait se mouvoir en cet instant qui s'étirait à l'infini. L'épée fut brandie en l'air, prête à accomplir son arc de cercle pour s'abattre sur la nuque de l'adolescente. Cette dernière plongea pour la dernière ses yeux vairons, embuées de larmes dans ceux du jeune homme, et dans un spasme de douleur, parvint à articuler juste avant que l'arme achève sa course :

« Mer... don... »

Douleur. Terrible douleur.

____

Trysh se trouvait à terre, sur le sol de la terrasse, et céda sans regret le contrôle du corps à Charlène. Celle-ci faisait de son mieux pour résister à toute cette peine, et tenta même de se relever - en vain. Son corps ne répondait plus, ivre de tristesse et de douleur, incapable et toujours aussi faible. Toujours aussi lamentable. Comme pour essayer de se calmer, elle alluma son mp4 et le régla en lecture aléatoire. Un peu de musique pourrait peut-être la réconforter - ou pas. Les larmes franchissaient continuellement le barrage de ses paupières, et rien ne paraissait pouvoir arrêter tout cet épanchement de désespoir.

Elle devait partir. Fuir. Loin.

Ne pas le trahir. Plus jamais ça.

Dans un hoquet, elle interpréta enfin les paroles - boucle sans fin - qui lui parvenait des écouteurs : "Poison hearts will never change". Exactement. Jamais elle ne changerait, jamais. Ne voulant pas céder encore plus sous le poids de la culpabilité - quel acte horrible avait-elle pu perpétrer ? -, elle pianota sur l'écran tactile de son appareil : aucune réaction. Changement de tactique en tirant sur le fil qui courait jusqu'à ses oreilles : aucune conséquence.
Les paroles se répétaient sans cesse, comme pour la punir et lui rappeler continuellement que quelqu'un comme elle, était incapable de devenir quelqu'un de bien.
Craquant complètement, elle se laissa tomber vers l'avant, tenant en équilibre précaire sur ses avants bras posé sur le sol, le corps recroquevillé, assise sur ses talons. Plus rien ne pouvait soulager son chagrin.

Josh alla se coucher rapidement après avoir souhaiter une bonne nuit à Terano, Charlène étant déjà assoupie il se passa de la réveiller pour lui souhaiter aussi. Il trouva de quoi s'habiller pour dormir dans la chambre puis se mit au lit, il ne lui fallut pas attendre avant de s'endormir, la journée n'avait pas vraiment été reposante.

Il marchait tranquillement dans la rue, le ciel était clément et une douce brise venait lui rafraichir le visage, il s'avançait paisiblement en repensant à certaines personnes sans se préoccuper de ce qui l'entourait, quelques personnes discutaient paisiblement à l'ombre des bâtiments et des enfants jouaient. Il s'avança puis tourna à droite dans une ruelle ombragée, la fraicheur de l'endroit se révéler très agréable, ici aussi tout était calme, tellement qu'il ne fit pas attention aux personnes présentes autour de lui jusqu'à ce que l'une d'elle lui barre la route. C'était un homme assez grand, avec de longs cheveux bruns attachés. Ses yeux était de couleur pervenche et un large sourire s'était installé sur son visage, Josh examina attentivement l'inconnu et remarqua deux poignets de sabre puis les fourreaux de ceux ci qui devaient être attachés dans le dos. Il tenta de contourner l'inconnu par la gauche, celui ci ne fit aucun mouvement pour l'arrêter puis, au moment où Josh se trouva à la même hauteur, il prit la parole.

- "Tu es bien Joshua Carter?"

Josh s'immobilisa, comment cet homme pouvait-il connaître son nom? Il était quasiment inconnu dans ce pays et presque personne ne savait que Josh était un diminutif. Il se tourna vers l'inconnu pour lui faire face mais celui ci n'avait toujours pas bouger. Il tenta de masquer l'inquiétude qui le gagner en répondant.

- "C'est bien moi, et vous qui êtes vous? Et comment me connaissez vous?"

L'inconnu sourit à nouveau puis se tourna vers lui, rien ne semblait montrer qu'il pouvait être dangereux à part la présence des deux sabres.

- "Je m'appelle Irvine Volupti. Je suis un assassin et je te connais car tu es ma cible."

Josh se réveilla en sursaut, il voyait encore nettement le sourire de cet homme, il fut surpris de se trouver dans un lit, tout lui semblait si réel, il réalisa ensuite qu'il était dans l'hôtel avec Charlène et Terano. En faisant le moins de bruit possible il alla se laver puis revint dans la chambre pour s'habiller. Il ne cessait de penser au rêve qu'il venait de faire, il n'arrivait pas à croire qu'il n'avait fait qu'imaginer ce qu'il s'était passé mais qui pourrait bien avoir envie de l'assassiner? Et qui aurait les moyens de faire appel à quelqu'un d'assez doué pour qu'il le retrouve maintenant? Il y avait bien ses parents mais ils ne souhaiteraient pas le voir mort, enfin c'est ce qu'il pensait en tout cas. Il fut troublé dans ses pensées par quelques bruits venant de l'autre chambre, tout le monde était réveillé apparemment. Il attendit un peu puis sortit de la chambre, il se rendit au salon et aperçu quelqu'un sur le balcon, il s'approcha et reconnut Charlène, elle était au sol en train de pleurer. Il s'approcha d'elle puis se mit à genoux. Il ne savait pas trop quoi faire, qu'est ce qui avait pu se passer pour qu'elle soit dans cet état?

- "Charlène, qu'est ce qui se passe?"

Avant qu'elle ne puisse répondre il la porta pour qu'elle se retrouve à genoux devant lui il plaça ses mains sur les épaules de la jeune fille pour éviter qu'elle ne perde l'équilibre puis la regarda dans les yeux. La voir pleurer le rendait mal à l'aise, comme si une infime parti du chagrin s'insinuait en lui.

Trysh était partie depuis maintenant peu de temps de la chambre quand le jeune homme sentit l'esprit de Charlène faire surface. Et au même instant, une douleur indescriptible l'atteint : d'origine purement émotionnelle, elle ne manqua pas pour autant d'atteindre le jeune homme de plein fouet, l'obligeant à se concentrer pour remettre de l'ordre dans ses pensées et émotions. C'est alors que son esprit toucha le souvenir du rêve de l'adolescente. Il défila au milieu de ses pensées, et un lien logique se fit tout seul, avec la malédiction de la place Turenne, et il fut terrifié à la simple idée qu'il mettrait fin à la vie de Charlène... Cela lui parraissait impossible, alors qu'il commençait à vraiment l'apprécier (sans faire référence à ce qu'il s'était passé la nuit précédente évidemment), mais il ne voyait rien qui épargnait Charlène de la malédiction, et la façon dont ce rêve s'était fait...
Terano se leva en se précipitant de son lit - non sans vérifier qu'il était totalement habillé, ce qui était le cas - et partit en direction du balcon. Quand il arriva en vu de ce dernier, il vit que Josh l'avait devancé... Peut-être était-ce aussi bien que ce soit l'ami d'enfance de la jeune fille qui essaye de la réconforter, alors que Terano, étant l'origine de ses pleurs, n'aiderait peut-être en rien...
Il s'avéra cependant que la présence de Josh n'aidait pas Charlène, au contraire, l'état de cette dernière semblait même empirer. Le sicilien se décida alors à intervenir. Il arriva sur le balcon, derrière Josh, et s'accroupit à côté de l'adolescente, dans l'intention de réconforter son amie - non sans faire comprendre à Josh qu'il pouvait dégager... Et alors qu'il tendait la main vers elle, Trysh intervint, apparraissant aux yeux de Terano, un grand sourire sadique aux lèvres :

-Si tu la touches, je balance tout, fit-elle sur un air joyeux.

Le choix était dur. Car si le jeune homme voulait vraiment aider son amie, il ne voulait pas non plus que le poids de ce qui s'était passé durant la nuit vienne s'ajouter à sa douleur. Captant alors que la musique qu'elle avait dans les oreilles lui faisaient également du mal, et qu'elle ne parvenait pas à l'arrêter, il opta pour une solution simple, en désinvoquant purement et simplement le MP3. Puis, une fois cela fait, il lui parla par le biais de leur lien télépathique, avec l'intention de la réconforter :

"Ca va aller, Charlène, ne t'inquiète pas... jamais je ne ferai ça, ce n'était qu'un simple cauchemard."

"C'est pas si grave que vous m'ôtiez la vie, mais je veux pas vous trahir !

"Mais pourquoi est-ce que tu me trahirais ??"

Le parrain était assez choqué par les pensées formulées et informulées de son amie : qu'elle pense qu'elle le trahirait - bien qu'il avait perçu l'impression que c'était elle qui le trahissait lors de la vision - et le fait que ça l'arrangerait si il la tuait.

"Je ne comprends pas... même si elle me trahissait, je n'ai pas pour habitude de tuer aussi facilement, et avec autant de violence... Qu'est-ce qui pourrait me pousser à agir de la sorte ? Non, c'est impossible... Mais par contre, pourquoi veut-elle mourir ? Pourquoi s'arracher à la vie, alors qu'il y a toujours un espoir de vivre à la fin comme on l'aurait voulu..."

"Je suis pas quelqu'un de bien - une mauvaise personne."

"Mais non, c'est faux... Je n'ai rien vu de vraiment mal en toi, et encore moins quelque chose qui méritait la mort.

Des bribes de souvenirs parvinrent alors à Terano, envoyés par Charlène : des tombes, avec des noms, des dates, et leur âge : tous jeunes; le nom d'Ambre lui fit comprendre qu'il s'agissait de connaissances de la jeune fille. Cependant, cela ne prouvait rien pour Terano : à son avis, ce devaient être des morts causées par Trysh. Vint ensuite une image plus précise : une jeune fille en train de se convulser; deux personnes, le père et la belle-mère de Charlène, en train de venir et de demander ce qu'il se passait; et Charlène, en train de rire de ce qu'elle venait de faire. Un autre souvenir vint : cette fois-ci, elle venait de faire une déclaration à une fille, mais cette dernière l'avait méchamment envoyée promener, et était sorti avec un garçon peu de temps après. Et après une sorte de pari passé entre Trysh et Charlène, la jeune fille avait utilisé son don d'hypnose pour faire s'entretuer les deux jeunes gens.

Le parrain fut relativement choqué par une telle abondance de souvenir de ce type... était-elle si différente que cela avant ? Une question lui vint à l'esprit, qu'il formula à l'adolescente :

"Mais tout ce que tu as fait, le regrettes-tu ?"

"Non."

A vrai dire, le sicilien ne s'attendait pas à une telle réponse. Et a présent qu'il ne pouvait plus faire marche arrière, il ne savait plus trop quoi dire. Et ce fut Charlène qui prit la parole finalement, prononçant les paroles fatidiques auxquelles s'attendait le jeune homme.

"Je vais y aller."

Elle essaya de se lever, mais sans y parvenir, étant encore trop affaiblie pour réussir à se déplacer. De son côté, et bien qu'il s'attendait à des paroles de cet ordre là, Terano craqua. Depuis deux jours qu'il connaissait Charlène, il était devenu bien plus proche d'elle qu'il ne s'y serait attendu en temps normal, même malgré le lien télépathique. Et que cette amitié puissent prendre fin si vite lui faisait mal au coeur, il s'en rendait compte. Aussi, sans u'il s'en rende compte vraiment, des larmes se mirent à couler sur sa joue, doucement, les unes après les autres.
L'adolescente le regardait tandis qu'elle essayait de se lever encore une fois. Et comme elle échouait à nouveau, elle se rapprocha du jeune homme et lui fit un free hug, ses propres larmes coulant de manière plus abondante.

-Pleurez pas, sinon je vais pleurer aussi, dit-elle en sanglotant.

-Mais tu pleures déjà, répondit-il inutilement.

Puis les deux jeunes gens se détachèrent finalement, et Terano, finalement résolu à respecter autant qu'il le pouvait la volonté de son amie, dit finalement :

-Si tu le veux bien, on ira chercher Zack et Lilith et je te raccompagnerai chez toi.

-Non.

-Comment ça non ?

-Je vais repartir en taxi.

-Tu veux pas que je te raccompagne ?

-Non.

Le jeune parrain comprit finalement au ton de sa voix qu'elle voulait simplement en finir le plus vite possible, et c'est pourquoi il répondit simplement :

-Très bien... Bon, dans ce cas, je vais me commander un petit déjeuner... Ah, et aussi...

Le jeune homme, qui s'était doucement relevé, se repencha pour l'aider à se lever à son tour, mais elle n'en eut pas besoin puisqu'elle parvint soudainement à se relever d'elle-même.

-Ah, et je prends le taxi avec toi, fit une voix sur le côté. Et je prendrais bien un petit déj' aussi.

Il s'agissait de Josh, qui ne s'était qu'un peu éloigné depuis qu'il s'était fait écarté par Terano. Le sicilien hocha la tête, et quitta le balcon afin d'aller commander les deux petits déjeuners, en supposant que Josh mangerait la même chose que lui - à savoir, de la brioche, du nutella, du café et du jus de fruit. Quand il revint vers les autres, l'adolescente se rendait au même moment afin de prendre une douche, aussi les deux jeunes hommes attendirent dans le salon que leur petit déjeuner arrive.

Des larmes coulaient le long de son visage. Le réveil avait été difficile et les résolutions prises plus tôt lui tordaient le cœur. Charlène s'était tout de même blottit une dernière fois dans ses bras, et avait apprécié la chaleur de son corps pour mieux l'oublier par la suite. L'oublier... c'était un bien laid mot mais elle y trouvait un certain réconfort malgré tout. En fin de compte, c'était plus dur qu'elle ne le croyait. Leur relation avait évolué d'une façon imprévisible : la veille, un meurtre n'aurait pas été exclu... Or là, alors qu'ils se connaissaient à peine depuis deux-trois jours, l'idée de ne plus le revoir lui déchirait le cœur. Si seulement, la gamine était plus digne de confiance, elle aurait peut-être pris le risque de rester à ses côtés. Depuis toujours, elle avait trahi les êtres qui lui étaient chers et les avaient menés vers une mort précoce. Mais là, les rôles étaient en partie inversés, et même si la perspective de rendre l'âme ne la déplaisait pas, trahir Terano n'était pas envisageable.

Un long soupir s'échappa de ses lèvres, mêlé à des sanglots réprimés avec peine. Pourquoi était-elle aussi détestable ? D'un geste fébrile, elle referma le robinet d'eau froide et sortit de la cabine de douche. La salle de bain était réellement en piteux état, pour ne pas dire dans un bordel total : divers cosmétiques se retrouvaient au sol qui était lui même recouvert d'eau à plusieurs endroits -le jacuzzi avait probablement du débordé ou quelque chose de ce genre-là, et d'autres détails. L'adolescente ne s'était pas très occupée de ce foutoir : après tout, des gens étaient payés pour nettoyer les saloperies des autres. Après s'être habillée dans un silence total - Trysh étant étrangement absente, elle s'attarda devant la glace. Ses cernes s'étaient intensifiés, et la ressemblance avec un panda se faisait de plus en plus nette. Un détail en plus était présent sur son visage blafard : sa lèvre supérieur était légèrement fendillée comme si elle avait reçu un coup...
En cet instant précis, elle aurait tout donné pour être quelqu'un d'autre : une gamine sans histoire avec une famille qui la chérissait, des connaissances sans importance qu'elle pourrait utiliser de temps à autres, quelques amis sur qui compter et qui compterait sur elle, et un chien qui viendrait la réveiller tous les matins en sautant sur le lit.
Un bonheur simple et parfait.
Un bonheur illusoire.

Charlène exécrait cette personne qui lui faisait face, cette personne haïssable sur tout point de vue. Quelqu'un de faible, de lamentable, aux yeux rougis et au visage défait. Pour qui se prenait cette dernière en se lamentant tellement qu'elle chialait tout le temps, hein ? Le poing levé face à son propre reflet, prête à l'assener pour châtier cette image pathétique, la jeune femme se mit à hurler :

« Tu n'auras jamais du naître ! Tu es méprisable ! Tu es inutile, futile, insignifiante, creuse... Tu... n'es qu'un parasite ! Tu es incapable de devenir forte... Et arrête de pleurnicher, je te dis ! Meurs ! »

Son poing fut arrêtée in extrémis à quelques centimètres de la surface réfléchissante du miroir, par la main de Trysh. Cette dernière fixait Charlène avec un air qui se voulait blasée, cependant, ce n'était qu'une tentative vaine pour cacher sa peine.

« T'as pas bientôt fini ? Si tu casses ça, il y aura encore des frais en plus sur la note, alors attends d'être au manoir pour t'éclater les mains. »

Charlène haussa les sourcils quelques instants : quelque chose clochait avec son double, elle avait l'air... Triste ? C'était quelque chose d'inimaginable, ça. Plus curieuse que soucieuse, la gamine fouilla l'esprit de l'autre, et y trouva sa réponse. Alors, elle aussi avait fait une sorte de rêve prémonitoire sur sa mort ? Et une fois de plus, l'assassin se révélait être Terano.

« Ouais, c'est qu'un rêve de toute façon, dit-elle en détournant les yeux. Ca n'arrivera pas.

- Oui, je ne le ne laisserai pas faire.

- C'est gentil, je savais que tu m'aimais en vérité.

- Ne te méprends pas... Si je ne le laisse pas faire, c'est parce que je compte le faire moi-même. »

Le double écarquilla les yeux, et ne trouva plus aucune réplique à donner. D'accord, Trysh n'était pas quelqu'un de ce qu'on pourrait appeler d'appréciable, mais de là, que sa propre créatrice la rejette au point de prononcer des menaces plus qu'explicite... Charlène sécha ses larmes, en se promettant de devenir plus forte à l'avenir, et sortit de la salle de bain sans faire attention à son alter ego.

Terano était là, dans la salle à manger en compagnie de Joshua. La gamine joua l'indifférente, et partit fumer une cigarette sur la terrasse en attendant qu'ils finissent leur repas. Si un des deux jeunes hommes lui avait dit quoi que ce soit, cela lui avait échappé : son esprit était en partie ailleurs, concentré pour faire le vide et ne pas sombrer dans la tristesse. Quelques minutes passèrent avant qu'elle déboula à nouveau dans la pièce, et qu'elle s'adressa sur un ton méprisant à Terano :

« J'ai la confirmation, vous aimez frapper les filles, c'est un fait. C'est pourquoi, je vais trouver un autre bouche-trou, puisque les gens violents, c'est bon à foutre à la poubelle. Et oui, vous n'avez été qu'un passe-temps, rien de plus, et vous m'avez permis de reprendre le dessus sur Trysh. Mais sinon, vous n'avez servi à rien... Je m'étais dit que me rapprocher de vous aurait pu me servir de tremplin dans le domaine de la mafia, mais faire partie d'une famille comme la votre ne m'intéresse plus. Je vais plutôt rejoindre le camp de Gelma, qui elle, me proposera des missions digne d'une princesse telle que moi. D'ailleurs, je pense que je vais l'aider à réaliser le rêve que vous avez fait il y a quelques temps, celui où tout vos pions meurent les uns après les autres. Je rendrais un grand service à l'humanité en faisant ça. »

Le cœur de la gamine manqua un battement : le parrain pleurait. Elle avait fait ce discours navrant pour qu'il la déteste petit à petit, mais le voir pleurer était trop déstabilisant et la faisait culpabiliser. Cependant, son visage restait un masque de dégoût et de mépris envers le jeune homme, c'était le seul moyen pour ne pas tomber dans la tentation d'aller le réconforter en s'excusant... Ce dernier reprit contenance et répondit :

« Tu n'auras pas à chercher la guerre avec moi, tu ne trouveras rien d'autre que la paix...

- Je commencerai par Eva... Mh, quoi que... Soi-disant que les meilleurs partent les premiers - c'est d'ailleurs pour ça que vous êtes encore là- et d'autres disent qu'on garde toujours le meilleur pour la fin... J'improviserai le moment venu. »

Joshua se tourna vers elle, sûrement pour comprendre ce qu'il se passait, mais elle rabroua la moindre tentative de se part, d'un regard noir et insistant. Ayant récupéré son sac à main, elle fit signe à son ami d'enfance d'y aller et balança un "à jamais" à Terano avant de disparaître dans le couloir. Pour qu'il n'y ait pas de malentendu avec Josh, elle lui dit vaguement qu'il ne devait pas s'en faire, et que comme elle avait mal à la tête, ce serait sympa qu'ils ne parlent qu'après être arrivé au manoir.
Arrivés en bas, les deux jeunes gens furent vite accostés par le directeur de l'hôtel, qui ne manqua pas de faire sa courbette habituelle. Une telle attitude dégoûtait Charlène, mais cette dernière se contenta d'expliquer qu'elle rentrait à son domicile, et qu'il devait faire un prélèvement sur son compte pour les frais et les éventuelles réparations dans la suite. Une limousine fut préparée pour les mener à destination, et alors qu'elle s'apprêtait à monter dans la voiture, elle leva les yeux vers le dernier étage... C'était mieux ainsi. Elle s'engouffra à la suite du jeune homme dans la limousine, et s'assit à bonne distance de celui-ci sur une des banquettes.

==> Entrée de la ville - Domingo

Le jeune homme était en grande partie démoli par les paroles de celle qu'il avait fin par considérer comme une amie... il avait du mal à croire qu'en si peu de temps, elle se mette à agir de la sorte.
A présent, il avait le choix... lui savait la signification du rêve de l'adolescente, mais étrangement, c'était elle, et non lui, qui prenait largement ses distances. C'est sur ce point que doutait Terano. Avait-elle été sincère, en prononçant ces paroles, ou bien jouait-elle la comédie, pour une autre raison ? Le parrain avait vite compris que, contrairement à Trysh, Charlène n'avait pas peur de la mort, ça ne pouvait donc pas être à cause de ça. Aurait-elle pu faire ça uniquement parce qu'elle ne voulait pas le trahir ? Etrange façon d'agir, mais de toute façon, le jeune homme n'était sur de rien, et les spéculations ne l'aideraient pas pour l'instant.

Terano regarda par la fenêtre : le soleil commençait à s'élever doucement dans les cieux. Un coup d'oeil à sa montre lui indiqua qu'il n'était que 7h30 du matin... Et il n'avait plus rien à faire ici.
Il commença par se doucher, puis remit ses vêtements normaux. Il rangea ses affaires dans un des sacs de courses, et vérifia qu'il n'avait rien oublié. Il retrouva ainsi les morceaux du poignard de l'adolescente, qu'il avait emballé soigneusement dans un morceau de tissu afin qu'ils ne s'abîment pas davantage.

Une fois qu'il fut cette fois certain d'avoir tout pris, il pris les clés de la suite et pris l'ascenseur afin de redescendre au rez-de-chaussée.
Le directeur était en pleine discussion avec le réceptionniste. Quand il le vit sortir de l'ascenseur, il tiqua, et jeta un regard perçant à Terano, comme si il ne le reconnaissait pas : il fallait admettre que les vêtements que Terano portait à son arrivée à l'hôtel n'étaient pas très révélateurs de son style vestimentaire habituel, il était donc à peu près logique qu'on ne le reconnaisse pas.
Il finit cependant par comprendre de qui il s'agissait quand le parrain se rapprocha d'eux et leur adressa la parole :

-Bonjour messieurs. Je vous rends les clés de la suite. Est-ce que Madame Gaïo a payé elle-même ?

Terano crut pendant un instant que le directeur était choqué de le voir, mais il reprit vite contenance et finit par répondre :

-Merci monsieur, et oui, madame Gaïo a effectué le versement. Souhaitez-vous autre chose ?

-Non merci, je m'en vais.

"Au plaisir de ne jamais vous revoir, ajouta le parrain dans son esprit."

Il fallait dire que les manières doucereuses de son interlocuteur commençaient à lui taper le système. C'est pourquoi, sans attendre de réponse, il quitta les lieux en pressant le pas.
Une fois dehors, il regarda un bref instant autour de lui pour se repérer, puis prit la direction d'une ruelle, qui, selon son souvenir, devrait le ramener assez près de la Grande Rue. Il n'aurait ensuite plus qu'à récupérer sa moto et à rentrer à Domingo.
Quand il sortit de la ruelle, il se rendit compte qu'il était allé un peu trop loin : il fut donc forcé d'emprunter plusieurs autres rues avant de finalement revenir à la Grande Rue. Au bout de quelques centaines de mètre, il retrouva sa moto, miraculeusement encore en état de fonctionnement. Il la démarra, mit son sac d'affaires dans le side-car puis lança le véhicule en trombe. Il n'avait certes pas l'intention de dépasser les limitations de vitesse, mais il n'avait pas l'intention non plus de trainer. Du boulot l'attendait à Domingo.

==>Base gioli (Domingo)

» Entrée de la ville : point de passage.
» Hôtel de Domingo:Burner(à L'est de la place de la fontaine)