Campement de soins (Domingo)
Sans qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit, ni commentaire ni prévenir sa cousine qu'elles avaient été suivies, eh bien la voilà dans cette camionnette qui les transportaient vers la ville ouvrière, Tardez. Mira commençait tout de même à s'habituer au caractère absolument brusque d'Anna, et ça lui plaisait plutôt bien, mais parfois c'était assez rude à vivre. La samoyède avait passé le trajet à scruter l'horizon. Elle sentait le changement d'atmosphère, tant au niveau des odeurs et du paysage que dans la tension qui planait dans l'air de Domingo à cause de cette foutue attaque.
C'était bon de s'éloigner du désastre qu'était devenue sa ville. Elle avait l'impression qu'un poids s'envolait de ses épaules. Elle était nettement plus à même de sourire et rire avec sa cousine. De toute façon, tout ça serait rapidement réglé, elle avait confiance en les habitants de Domingo.
A peine arrivées sur les lieux, la voiture pila, manquant de faire tomber l'adolescente. Elle et sa cousine descendirent, une nouvelle fois suivies par l'autre qui les avait apostrophées au camp de soin.
Au fait, c'était qui, elle ?
Petite, l'air très sérieuse, malgré son apparent jeune âge. Elle avait un tatouage bizarre sur la joue, mais Mira n'en faisait pas cas, elle même n'était pas normale : des yeux dorés et des cheveux argentés, vous croisez ça souvent dans la rue, vous ?
La samoyède regarda les alentours. Elle était rarement venue à Tardez, c'était un endroit assez étrange pour ceux qui n'y étaient pas habitués et vivaient dans une ville comme Domingo.
Ici, les très nombreux ouvriers vivent comme ils peuvent, sous la direction des grands patrons d'entreprise, qui se gardent les meilleures places et entretiennent de grandes demeures.
C'est la vie et on ne peut rien y faire, de toute façon les gens d'ici vivent bien en se contentant de ce qu'ils ont, et sont réputés pour leur caractère chaleureux.
Que demander de mieux ?
Visiblement, Anabelle avait de quoi redire, surtout à propos du voyage qui avait été … ennuyeux, oui, voire nul comme elle le hurlait au chauffeur à ce moment même.
Les deux filles se tournèrent alors vers la troisième, celle dont on ignorait l'identité.
Et qui les suivaient.
Précision de première importance.
«
Pourquoi tu nous suis ? »
Ajouta Mira, soucieuse. Soucieuse, mais pas pour longtemps, elle avait ses priorités :
«
On va visiter un peu ? »
Son regard traçait l'horizon et elle n'avait pas envie de rester plantée là. De toute façon, rester immobile est totalement impossible du moment que sa cousine est dans la place.