Papa ours, raconte-nous une histoire!

Italie, 7 ans plus tôt.
Ganbino a décroché un emploi dans un centre d’expérimentation reconnu de la ville de Rome. Il s’y rend afin de commencer son premier jour de travail.

« Hého, y’a quelqu’un? »

Ganbino avait sonné de nombreuses fois à la grille du centre. Il était pourtant à l’heure cette fois, il ne s’était perdu que 3 fois en chemin. Il se mit devant la caméra située sur le pilier gauche de la grille et fit plusieurs signes, afin d’être sûr qu’on le remarquerait. A l’intérieur du centre, le surveillant ne savait que penser en regardant ce type bizarre aux cheveux gris et à l’air blasé s’agiter comme un fou. Il appuya sur un bouton situé sur le poste contrôle et se mit à parler à son employeur.

« Patron, y’a un idiot devant la grille, je fais quoi? »
« A quoi ressemble-t-il? »
« Au type le plus blasé que j’ai jamais vu. »
« Ah, laissez-le entrer alors, c’est le nouveau chercheur. »
« Ok. »

Un second bouton de poussé, cette fois, c’était celui contrôlait l’ouverture de la grille.

« Eh ben, c’est pas trop tôt. -_- »

Ganbino passa la grille et parcourut les quelques mètres qui le séparaient de la porte principale. Les portes vitrées s’ouvrirent d’elles-mêmes, il s’engouffra alors dans le bâtiment. Il arriva dans la pièce d’accueil, assez spacieuse et très éclairée. Sur la gauche se trouvait un « guichet », où une secrétaire faisait son travail le plus laborieux de la journée : se limer les ongles. Elle ne réagit même pas à l’arrivée d’un visiteur, il fallut que ce dernier se décide à se planter devant elle pour qu’elle le remarque.

« Oui monsieur, c’est à quel sujet? »
*Même pas un regard, sympa… -_-*
« Bonjour, je m’appelle Alexandro Delavaria, j’avais un rendez-vous avec monsieur…
« Un instant. »

Il fit de son mieux pour ne pas s’énerver. Il détestait qu’on lui coupe la parole. La secrétaire prit son téléphone et appuya sur une des touches.

« Il doit être en train de descendre. »
« … »
« … »
« Dites-moi…ça vous tuerait d’être un peu plus gaie? »
« De quoi j’me mêle? _\/_ »
« -_- »

C’est alors que le directeur arriva. C’était un homme âgé d’une quarantaine d’années, aux longs cheveux noirs attachés en queue de cheval, des yeux marrons et des lunettes. Il avait une barbe naissante, qui faisait un peu tâche dans cette allure à peu près soignée.

« Ah, monsieur Delavaria! Je suis content de vous voir! Vous allez bien? ^^ »
« Oui oui, très bien monsieur. »
« Tant mieux, tant mieux. J’imagine que vous avez fait connaissance avec notre responsable d’accueil, mademoiselle Lalac. ^^ »
*Erf, tu m’étonnes qu’elle sourit pas avec un nom pareil.*
« Oui, nous avons fais…connaissance. »
« Très bien. Dans ce cas suivez-moi. Vous devez être impatient de commencer votre travail n’est-ce pas? ^^ »

Ils partirent alors dans les entrailles labyrinthiques du centre d’expérimentation. Ganbino eut beaucoup de mal à se repérer et se promit de se faire un plan dès qu’il en aurait l’occasion. Après la visite de plusieurs pièces, plus ou moins importantes, ils arrivèrent dans la pièce maitresse…

« Et voici votre lieu de travail principal : le laboratoire. »
« … »

La pièce était surdimensionnée. Des dizaines et des dizaines de tables réservées aux différentes expériences s’étalaient sur toute la surface de la salle, quasiment à perte de vue. Toute cette pièce était pour lui seul.

« Euh…il n’y a personne d’autre ici? »
« Pas pour le moment. Vous êtes le premier arrivé dans notre nouveau laboratoire. »
« Ah. »

Ganbino s’inquiétait. Il risquait bien…de se perdre dans son propre laboratoire.


Une heure plus tard…

Ganbino avait fini la visite du centre il y a une demi-heure. Désormais, il se préparait à commencer son travail.

« Bon, maintenant au boulot. »

Il se rendit dans une des réserves, celle qui contenait les projets laissés en plan par les anciens chercheurs. C’était un fouillis monstrueux, tout un tas de choses non identifiées y étaient empilées, à la va-vite.

« Bon…j’ai l’embarras du choix on dirait. »

Il poussa quelques caisses remplies de produits mystérieux et commença à chercher quelque chose d’intéressant. Le directeur lui avait laissé carte blanche quant à la nature de son premier travail. C’est alors qu’il buta sur une caisse et qu’il s’affala de tout son long sur le sol.

« Aïeuh…putain… >< »
**couine**
« Hum? »

Il regarda autour de lui afin d’entendre la source du bruit. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque ses yeux rencontrèrent ceux d’une petite chauve-souris, perchée la tête en bas dans une petite cage. Il remarqua immédiatement qu’en plus d’être albinos, elle avait été laissée là sans aucune surveillance.

« Hé, ça va? Mais qu’est-ce que je fais, voilà que je parle à une chauve-souris maintenant… -_- »
**couine**
« … »


Trente secondes plus tard…

« Voilà… »

Il déposa la cage sur une des nombreuses tables d’expérimentation. La pauvre petite faisait peine à voir, elle était amaigrie (selon Ganbino) et devait mourir de faim.

« Attends, je vais voir si il n’y a pas de quoi manger dans le coin. »
**couine**
« Alors, si j’était une boite de mangeaille pour chauve-souris, où est-ce que je serais? Ah? »

A sa grande surprise, il tomba directement sur une boite remplie de…choses apparemment comestibles pour une chauve-souris dans une des autres réserves. Il prit la boite avec lui et prépara une coupelle (trouvée non loin) remplie de…choses.

« Et voilà… »

Il ouvrit alors la cage, la chauve-souris sortit…

« …maintenant tu peux… »

…et se jeta sur le bras gauche de Ganbino, afin de lui sucer son sang. ^^’

« … »
** ^^ **

Aujourd’hui encore, à quelques kilomètres de là, on parle de ce fameux jour où le cri monstrueux d’une bête inconnue se fit entendre…

Fin de la chronique

3 ans auparavant, au manoir de la famille Dayrisch.

« Mademoiselle! Où êtes-vous?! »
« Arrêtez de vous cacher! Mademoiselle! »

Laya était cachée dans un buisson, situé dans les gigantesques jardins de la propriété. C’était son « terrain de jeu » favori, l’endroit parfait pour échapper à la vigilance de ses servants. Ces derniers, d’ailleurs, la cherchaient depuis bientôt une demi-heure.

*Hun hun hun…ils refroidissent encore. ^^*

Elle était plutôt satisfaite de sa méthode d’évasion : une fausse chute d’une fenêtre avait suffit à les perturber, elle n’avait eu ensuite qu’à prendre quelques raccourcis dans le manoir afin de se retrouver dehors, sous les regards désespérés de ses sujets.
Laya était comme ça. Elle ne supportait pas d’être enfermée et traitée comme une princesse. Elle avait besoin de respirer, de se sentir…comme une jeune fille normale. Or c’était loin d’être le cas. Son père, Evan Dayrisch, la surprotégeait, à cause de son statut d’unique héritière de la famille. Tout était fait pour qu’elle en fasse le moins possible et qu’elle ne risque rien…« mais qu’est-ce que la vie sans risque? », pensait-elle.

« Héhé, ils me trouveront jamais. ^^ »
« Oh? En êtes-vous sûre, Mademoiselle? ^^ »
« Guh? °.° »

La voix venait de derrière elle. Elle se retourna et vit la pire menace possible, celui qui pouvait compromettre tout son plan d’évasion : Lloyd. Il ne lui restait qu’une chose à faire…

*Cassos! OO*

Elle sortit du buisson à toute allure et fut donc repérée immédiatement par les personnes à sa recherche.

« Mademoiselle, stop! »
« Et zuteuh! >< »

Alors qu’elle courait, son pied droit fut retenu par quelque chose, une corde apparemment.

« Ah, nan…! OO »

Elle s’écrasa de tout son long au sol et fut rapidement rejointe par ses poursuivants. Elle entendit la voix de Lloyd au loin :

« Ligotez-la! »
« A vos ordres! »
« Que…? WHHAAAA!!! OO »


Deux minutes plus tard…

« C’en est assez, Laya! »
« -_-‘ »

Laya était assise sur le sol, dans la « Salle du Trône » du Manoir Dayrisch. Son père, Evan Dayrisch, était en train de lui faire la leçon, comme à son habitude. Une habitude qui commençait sérieusement à le peser.

« C’est la troisième fois cette semaine. Quand te décideras-tu à te comporter comme il le faudrait? »
« … »

Elle ignorait royalement ses paroles. Elle aussi avait l’habitude de cette situation. Mais elle trouvait regrettable que son père ne remarque pas son désir d’être libre. Il ne voyait en elle que l’avenir de la famille entière, non le sien. Un avenir qu’elle désirait en accord avec ses sentiments.

« Laya, réponds-moi. »
« … »

Le silence s’installa. Evan perdit patience, encore une fois.

« Bien. Si tu n’as rien à dire, alors va-t-en. »

C’est ce qu’elle fit. Elle se leva et sortit de la pièce. Lloyd, qui avait été aux côtés de la jeune fille durant la discussion, resta dans la salle.

« Monsieur, vous savez bien qu’il ne sert à rien de la raisonner. Elle continuera malgré vos mises en gardes. »
« Je sais. »

~Silence~

« Pardonnez-moi de vous demander ça, mais pourquoi tenez-vous tellement à ce qu’elle suive votre voie? Elle devrait être libre de ses choix. »
« … »
« … »
« Ce n’est pas comme si je le voulais, Lloyd…

Evan enleva le gant recouvrant sa main droite, afin de révéler la marque de la famille, apposée sur le dos de sa main. Il la fixa longuement, avant de répondre :

« …mais je n’ai pas le choix. C’est son destin. »


Une dizaine de minutes plus tard…

« Aïe! Mais Mère, faites attention! >< »
« Tu n’aurais pas mal si tu arrêtais de bouger comme ça. ^^’ »

Laya était dans sa (gigantesque) chambre. Sa mère, Arina, l’avait rejointe et faisait son possible pour démêler les cheveux de sa fille.

« Alors? Qu’a donné ta discussion avec ton père? »
« … »
« Je vois. »
« Pourquoi ne veut-il pas comprendre? Tout ce que je veux, c’est un peu de liberté. »
« Il a peur pour toi Laya. »
« Mais je ne suis plus une petite fille, je suis à même d’assurer ma propre sécurité. »
« Mais tu restes sa fille. Tu ne peux pas changer l’amour qu’il éprouve pour toi. »
« … »

Laya ne savait plus quoi répondre. Ces discussions avec sa mère lui faisaient tous le temps cet effet.

« Bien, c’est terminé ma fille. ^^ »
« Merci Mère. »
« Laya, arrête d’être aussi distante. Pourquoi n’arrêtes-tu pas de m’appeler mère? ^^’ »
« Désolé, c’est l’habitude. »
« Tu sais, j’aimerais tellement te l’entendre dire au moins une fois. ^^ »
« Hum…j’essaierai à l’avenir. ^^’ »


En fin de journée…

Evan Dayrisch était dans son bureau. Debout près de la grande fenêtre, une feuille de papier à la main. C’était un rapport sur les derniers trafics d’armes effectués récemment. Les nouvelles étaient désastreuses : deux des trois convois avaient étés attaqués, le dernier avait été victime d’un accident. Il n’y avait aucun survivant.

« De mauvaises nouvelles? »

Arina venait de pénétrer dans la pièce, sans un bruit, comme à son habitude.

« Oui. C’est la seconde fois cette semaine. On dirait bien que nous sommes pris pour cible. »

Il regardait le ciel teinté d’une couleur orangée. Il était inquiet. Des attaques si fréquentes en si peu de temps, ce ne pouvait être le fruit du hasard.

« Nous devons les mettre en sûreté. »
« Ne parle pas de ta fille comme de cet objet, Evan. Leur lien n’est pas encore établi. »
« Cela ne saurait tarder. »
« … »
« Tout empire à une apogée, avant sa décadence. Lermann avait raison. Notre fin de notre ère approche. »
« … »
« … »
« Si tu le penses vraiment, alors tu devras parler de tout ça à ta fille. Tu ne peux plus la protéger de cette manière. Elle doit savoir… »

Evan ne répondit pas immédiatement. Après une minute de silence, il se tourna en direction de sa femme.

« Tu as raison. »


Plus tard, dans la cour extérieure…

Il faisait nuit. Un garde faisait sa ronde au dehors, afin d’assurer la sécurité de son parrain. Après quelques pas, il s’arrêta, afin de surveiller les alentours. Mais au moment où il s’apprêtait à reprendre son chemin, il sentit quelqu’un le maintenir fermement et lui couvrir la bouche. Puis, il sentit une lame transpercer son corps. Le cœur était touché, il mourut quasi-instantanément. Le tueur se cacha dans l’ombre et, après avoir vérifié s’il y avait une quelconque présence ennemie, il se dirigea vers la grande porte de la résidence, suivit par de nombreuses personnes. L’un d’elle, imposante, s’arrêta à quelques mètres de l’entrée. C’était lui qui menait ces hommes. Il fit un geste, adressé à ses hommes, afin qu’ils s’éloignent légèrement. Puis, il dit :

« Allons-y. »

Sur ces mots, la porte explosa.

A suivre…