Chapitre 3 : RencontresThomas Eldario était au volant de la longue limousine noire. Il bailla rapidement, les larmes aux yeux, puis il se concentra à nouveau sur la route, s’essuyant les yeux d’un revers du bras. Derrière lui, Antonio se mit à rigoler :
-Alors Thomas, fatigué ?
Baillant à nouveau, le conducteur regarda son Boss dans le rétroviseur. C’était un homme de petite taille, plutôt sec, il avait des cheveux noirs plutôt courts, poudrés de gris, blanchissant sur les tempes. Il portait une barbe sur son menton et au-dessus des lèvres, elle aussi grisonnante. Il était habillé d’un costard noir et d’une chemise blanche. Il avait le menton appuyé sur ses mains, elles-mêmes se trouvant appuyées sur une canne noire laquée à la poigné dorée. Il avait un petit sourire et regardait lui aussi dans le rétroviseur, croisant le regard de son Gardien. C’étaient ses yeux qui se démarquaient dans son visage plutôt banal : des yeux noirs, entièrement noirs, sans pupilles … Ce Boss, c’était Antonio Morazzani, 7ème Parrain de la famille Morazzani. Thomas reporta son attention sur la route.
-Naaan, c’est pas ça Patron, c’est juste que ça m’emmerde qu’on m’ait sorti du lit, pour aller s’occuper d’un merdeux qui contrôle le port d’une ville provinciale où on ne met jamais les pieds … z’aurez dû demander a Sébastian, il aurait été plus que partant.
-Enfin, Thomas, Sébastian est en mission et Yan n’aurait jamais accepté. Il ne me restait plus que toi !!!
-Et les autres Gardiens ?
-Occupé !!!
Toujours ce petit sourire qui faisait qu’on ne pouvait pas en vouloir à Antonio. Néanmoins, Thomas savait bien que, malgré ses airs débonnaires, son chef était capable des décisions les plus cruelles s’il le fallait et n’aimait pas être déçu.
Puis finalement ils arrivèrent au lieu du rendez-vous, c’est-à-dire un espèce de terrain vague situé devant une espèce d’usine, et le Gardien arrêta la voiture dans un dérapage contrôlé. Tandis qu’il ouvrait la porte et faisait sortir Antonio de la voiture, cinq autres véhicules se garèrent derrière lui. Des hommes armés en sortirent et entourèrent rapidement le parrain.
Tandis que tous se mettaient en position, Thomas se regarda dans un rétro, se recoiffant et resserrant sa cravate. Le rétroviseur lui renvoya l’image d’un homme aux cheveux jaunes dorés, à la mâchoire plutôt carrée, arborant un bouc blond et des dents d’une blancheur éclatante. Le Gardien faisait en effet très attention à son apparence. Puis il se mit en place a coté d’Antonio, scrutant les alentours.
Tous attendirent. Le parrain avait en effet rendez-vous ici avec un gamin. Un gamin qui avait eu l’audace de se déclarer chef de cette ville, au sein même du territoire des Morazzani en Corse.
Puis les hommes situés devant se mirent a murmurer et a bouger. Le regard de Thomas se fixa a l’avant, aiguisé, analysant la situation qui se présenter. Il vit le gamin arriver. Un gamin a qui l’on pouvait donner 16-17 ans, un ado aux cheveux noirs et longs, mal peignés et aux yeux jaunes, comme ceux des loups. Ce qui interpella le plus le Gardien, c’était l’œil gauche de cet enfant qu’il était le seul a voir a cause de la distance. L’œil était de couleur jaune mais l’iris prenait une forme bizarre, comme un espèce de 4 courbé. Le gamin était plutôt grand et bien musclé, mais comme il vivait dans la rue, il n’avait que la peau sur les os et il était maigre comme un clou.
Une goutte d’eau roula sur la joue de Thomas, bientôt suivit d’une autre. Il leva alors la tête pour voir un ciel lourd de nuages. Il ne pleuvait encore que quelques gouttes, mais une plus grosse averse se préparait. On pouvait même voir quelques éclairs au loin.
Son attention se fixa a nouveau vers le gosse. Il était habillé avec de vieux habits et n’avait pour arme qu’une espèce d’épée que le Gardien ne pouvait identifier a cause de sa faible connaissance des armes tranchantes. Sûrement une genre de rapière médiévale, conçu autant pour trancher que pour transpercer. Bref il ne portait pas d’arme a feux. Et il n’était pas accompagné. Courageux … et stupide. Il avait soit trop confiance en ses capacités, soit il espérait de la miséricorde de la part d’Antonio : ces deux choses étaient stupides a espérer.
Soudainement le gamin s’arrêta a quelques mètres du groupes de mafieux et planta son épée dans le sol. Là, il se plaça derrière son arme les mains croisées et appuyées sur le pommeau, parfaite réplique du 7ème parrain qui se trouvait dans la même position avec sa canne a la place d’un sabre.
Le Gardien regarda le petit gars les toiser avec un regard d’indifférence total, lui et ses hommes, puis il prit la parole.
-Hé !!! Gamin, tu es le Gros Bill n’est ce pas ? Tu sais que tu t’appropries le territoire des Morazzani en te donnant le titre de maître de la ville ?
-Le Gros Bill est mort depuis plusieurs années … Je suis Cross Alone, la personne que vous avez demandé a rencontrez.
Silence. Thomas eut comme un blanc tandis que ses neurones se reconnectaient petit à petit. Il était le responsable de cette bavure du service de renseignement des Morazzani, persuadé que le Gros Bill ne serait jamais détrôné des bas-fond de la ville et donc n’ayant donné pour ordre que de surveillé si le précédent Tyran n’était pas trop gourmand.
Monsieur Eldario se retourna vers Antonio Morazzani avec un petit sourire mi-figue, mi-raisin en faisant un petit signe de la main qui se voulait rassurant. L’homme d’âge mur quant a lui le regarda d’un œil sévère et contrarié.
Puis le Gardien regarda a nouveau le gamin.
-Bon euh Cross Tout-seul ça vaut aussi pour toi, t’es prié de te casser ou de te plier au Morazzani !!!
Le dénommé Cross le regarda en haussant les épaules.
-Je ne prétend rien du tout, et sûrement pas de contre-carrer votre volonté, je ne fais que vivre ici en aidant les gens partageant les même conditions que moi …
Tandis que Thomas mettais ses mitaines et ses jambières, la trentaine d’homme les entourant, le parrain et lui, levèrent leur bras en visant l’adolescent-qui-avait-un-peu-une-trop-grande-gueule. Puis il somma le gamin de se rendre une dernière fois sous peine de représailles. Il tapa alors ses poings serrés les uns contre les autres histoire de donner plus de poids a ses paroles : des étincelles oranges s’échappèrent lors de l’impact.
Soudain le gamin se mit a sourire tout en dégageant son épée.
-Vous voulez vous battre ? Super !!!
Aussitôt cria-t-il cela, que deux-trois mafieux ouvrirent le feux sur lui, rapidement rejoins par tout les autres. Thomas resta la, impuissant, immobiles devant le nuage de poussière résultant de l’impact des balles. Le pauvre gosse était maintenant sans doute mort et enterré. Il se retourna alors, prêt a enlever ses gants de combats quand un hochet de surprise se fit entendre derrière lui. Il se retourna pour voir ses hommes médusés, pétrifiés devant le spectacle s’offrant a eux.
Le gamin appelé Cross était la, encore vivant, derrière son épée. Ses habits étaient en lambeaux et des marques rouges et circulaires constellés son corps, mais il ne saignait pas. On ne pouvait pas voir son visage parce que son poing fermé se trouvait devant. Il l’ouvrit alors soudainement, et tandis que l’éclat jaune de ses yeux apparaissait entre ses doigts, tous purent voir les différents projectiles qui lui avait été envoyés tombés de sa main.
Puis ce dernier se mit a courir, la tête en avant, a toute vitesse avec son épée dans la main droite en direction du groupe d’Eldario. Les mafieux se remirent donc a tirer sur le gosse tandis que d’autres sortaient des armes de contacts.
On se serait cru dans un de ses vieux films américains en noir et blanc où des cartels se tirent dessus sous la pluie. Les éclats que produisaient les différentes armes a feu utilisé se reflétait dans les gouttes tombant du ciel remplissant le terrain vague d’une lueur orangé et jaune par saccade.
Cross Alone zigzaguait sous la pluie d’eau et de balles, en évitant certaines, s’en prenant d’autres. Puis il saisit une balle partant en direction de sa tête et il se ramassa en même temps sur lui même avant de sauter en l’air. Mais ce n’était pas un saut ordinaire. Tandis que son genou remontait et que son deuxième pied prenait appuis sur le sol, il y eu comme une détonation provoquant un jet de boue vers l’arrière et le gamin se trouva alors éjecté en l’air a une vitesse vertigineuse juste au dessus du groupe.
Thomas se demanda l’espace d’un instant comment une mine antipersonnel pouvait se trouver en plein terrain vague dans une ville n’ayant jamais connu la guerre.
En l’air, Cross se stabilisa rapidement avant de tomber et avec son pouce il envoya le projectile précédemment intercepté se trouvant dans sa main en visant un homme au milieu du groupe. L’air sembla se courber autour de la main de Cross, comme un espèce de dôme renversé et de biais ayant pour sommet le point de l’adolescent et il eut a nouveau comme une détonation en même temps que Cross « tirait » : la balle partit a toute vitesse en direction de l’homme, comme tiré par un automatique, lui transperçant le crâne.
Retombant le jeune homme accomplit un grand arc de cercle argenté avec son épée, de haut en bas, tranchant quasiment en deux un homme de main se trouvant en dessous de lui. Puis prenant appuis sur une jambe, il tourna sur lui même, accompagné de son arme, et taillada les personnes se trouvant autour de lui.
Thomas remarqua que le sourire du gosse avait disparu et qu’a la place il affichait une mine boudeuse.
Dans le camp des mafieux, c’était la débandade malgré les ordres que criait le Gardien. Ceux ayant des armes de tir essayait désespérément de se mettre hors de porté de Cross tandis que ceux ayant des armes de contact tentait tant bien que mal de s’approcher du jeune homme pour l’attaquer mais ils étaient gênés par les hommes voulant s’enfuir et le peu qui arrivait a s’approcher de lui mourrait ou étaient mis hors état de nuire.
Soudain un homme bien connut de Thomas Eldario stoppa la course jusqu’ici ininterrompu de l’épée de Cross. Johan Verden, un grand maître de l’escrime. Celui-ci avança d’un pas tout en poussant le sabre du gamin, qui partit alors en arrière. D’un mouvement du bras et d’une torsion du poignet, le sabre porté par le Morazzani partit en direction du cou du gamin. Ce dernier recula alors d’un pas, et l’arme, bien que réussissant a entamer sa peau par on ne sait quelle prodige, ne laissa qu’une simple coupure rouge sur la gorge du jeune homme.
Thomas remarqua alors que la gamin c’était mis a sourire.
Cross Tout-Seul effectua alors un coup de taille de droite a gauche avec son épée forçant Johan a reculer. Puis il s’avança d’un pas en remontant cette fois-ci brusquement son arme visant le torse de l’homme, le forçant a reculer une autre fois. Puis le gosse prit son épée a deux main et frappa violemment. Johan, en ayant sans doute marre de reculer para le coup avec son sabre, les deux mains sur le pommeau. Mais alors qu’il allait dégager son arme par un mouvement du poignet pour la faire passe en dessous de l’épée de Cross afin de l’éventrer, Alone avança d’un pas, toujours épée contre sabre, immobilisant la lame adverse. Étonné, Johan essaya de reculer mais Cross le suivait. Soudain, le gamin plaqua sa main gauche tendu sur sa lame avec un petit sourire. L’épée se mit a vibrer, et le sabre adverse résonna en conséquence. Johan se demanda a quoi rimait tout ceci, et il eut la réponse quand le garçon frappa plus violemment encore son épée contre la sienne : le sabre du maître de l’escrime se brisa. Johan regarda consterné le pommeau de son arme sans se rendre compte que le gamin lui coupait la gorge d’un large geste du bras gauche. Il s’écroula.
Thomas laissa soudainement tombé la clope qu’il allumait. Comment ce résidu des rues avait pu tuer un maître de l’escrime comme Johan, et avec une telle rapidité … Il n’était pas le seul a se poser de telles questions sur le jeune homme. En effet, un coup d’œil du Gardien vers son Parrain lui suffit pour voir qu’Antonio avait toute son attention sur le gosse qui se battait contre ses hommes.
D’ailleurs un groupe profita d’un moment d’inattention de Cross, qui regardait le cadavre de son ennemi avec un petit sourire signifiant tout simplement « Bah tu vois, c’était bien moi le meilleur » , pour l’attaquer par derrière avec une pelle, une hache a couper le bois et … une tronçonneuse !??? Le gamin eut tout juste le temps de tourner l’œil vers les trois hommes l’attaquant avant de se faire réduire en tas de chair sanguinolente.
Enfin c’est ce qui aurait dû se passer. Mais en fait, les évènements ne se déroulèrent pas vraiment comme ça. L’adolescent eut en effet, bel et bien, juste le temps de regarder ses agresseurs, sans pouvoir se retourner pour les découper en tranches si fines qu’un boucher-charcutier passant par la aurait tout de suite rendu son tablier et aurait embauché le garçon. Non. Ce qui n’eut pas lieu comme cela aurait dû, c’est qu’au lieu d’atteindre Cross, les trois hommes furent soudainement foudroyés sur place tandis que la scène, c’est a dire le terrain vague, baigna furtivement mais intensément dans une lumière blanche accompagné d’un grondement a percé des tympans.
Après cela, tous regardèrent les corps carbonisés des trois mafieux. Plus personne ne bougea, pétrifié devant un tel pouvoir. Car tous avait compris que la foudre n’était pas tombée naturellement, que c’était l’étrange gosse qui avait déclenché ça. Gosse qui se pressait la main gauche sur son orbite droit, transpirant et souffrant visiblement.
Cependant il fut le premier à bouger. Il se mit à courir à toute vitesse en direction d’Antonio Morazzani, comprenant que c’était lui le chef. Thomas ne réfléchit même pas, il s’élança au devant de Cross avec une rapidité surprenante, ses gants et ses jambières pulsant de mystérieuses étincelles oranges. Mais avant d’atteindre le gamin, promit à une mort certaine face au Gardien, Eldario vit cette œil étrange le fixait, et tandis qu’il s’apprêtait à porter un coup mortel, une tornade apparut juste devant lui, le frappant avec force et l’envoyant bouler au loin. Il ne put que regarder le gamin s’approcher avec rapidité de son Boss assis avec sa canne entre les mains, prêt à porter un coup horizontal de haut en bas.
Mais un bruit mat eu lieu.
L’épée de Cross était bloquée. Elle s’était stoppée en l’air, encore loin du visage du 7ème, par une canne noire à poignée d’or. Les yeux noirs de Morazzani étaient fixés dans ceux de Cross. Il se leva alors d’un coup, faisant reculer le jeune homme. Tandis que celui-ci tenta tant bien que mal de prendre son épée à deux mains tout en prenant une posture défensive, Antonio frappa deux fois et avec une telle rapidité que sa canne n’était plus qu’une chose noire et informe : une fois sur les mains serrées autour du pommeau de l’épée et une autre frappe sur le haut de la lame. L’arme de Cross s’envola au loin, s’écraser quelque part dans le terrain vague, et son possesseur la fixa pendant tout son voyage d’un œil, l’autre étant bien trop occupé à suivre les mouvements du parrain. Soudain, Thomas pu voir que son Boss venait brusquement d’abaisser sa canne, tenant la poignée dorée à deux mains. Il se passa deux secondes sans qu’il n’y est aucun bruit et soudain, le torse du gamin se trouva marqué d’une énorme plaie horizontale qui saignait avec abondance. Comment le vieux avait pu entamer cette peau ultra-résistante avec une canne ?
Cross tremblait aux yeux du Gardien, il perdait son sang et ne s’attendait visiblement pas à une telle résistance. Et pourtant il souriait. Il souriait comme jamais. Il sortit une dague de son dos et se prépara à se mettre dans une posture offensive mais le 7ème ne le laissa pas faire. La canne noire transperça sans que celui-ci s’en rende compte l’épaule du gamin.
L’adolescent tomba alors dos à terre, face à Antonio Morazzani. Il tremblait, non pas de peur, mais comme s’il essayait de forcer son corps à bouger, à se battre encore. Mais il s’arrêta quand le parrain plaça son pied sur son torse le maintenant à terre. Les deux êtres humains se regardèrent en silence, les hommes de mains ne pipant mots, puis le gosse parla en premier.
-Comment z’avez pu me blesser avec une canne ? Hein, dites ?!
Le regard d’Antonio se fit légèrement surpris puis il rigola et répondit :
-Je suis sur le point de te tuer et tu veux simplement savoir comment je t’ai vaincu ? Tu es étonnant mon garçon … bah c’est tout une question de technique et d’expérience et puis, quand on veut, on peut réussir même la chose la plus improbable …
Puis le 7ème parrain arrêta de sourire et saisit la poignée d’or de son instrument de marche, la tourna d’un quart avant de tirer dessus. Une lame extrêmement belle et pure sortit alors de la canne.
-Et maintenant imagines ce que ça aurait été avec ça ? Bon, gamin, parlons maintenant de ton comportement : comment vas-tu réussir à me pousser à épargner ta vie vu le nombre de morts dont tu es responsable ? Vas-y explique moi …
Les deux êtres se regardèrent droit dans les yeux. La pluie venait de cesser et le soleil réapparaissait, illuminant le lieu. Un sourire apparut aussi sur les lèvres de Cross.
*****
La porte de l’hôtel s’ouvrit dans un grincement, suivit aussitôt du son du carillon se trouvant juste au-dessus de l’entrée. Le gérant, derrière son comptoir, regarda furtivement avec des yeux de poissons morts les hommes qui entrèrent dans le boui-boui avant de retourner au journal qu’il lisait tantôt.
La première personne, quelqu’un de plutôt âgé avec des cheveux et une courte barbe blanche comme la neige, alla directement s’asseoir sur un banc situé à l’entrée, les mains jointes sur le pommeau doré de sa canne noire.
Le deuxième alla rapidement se mettre debout à coté du précédent homme, mais il s’arrêta tout d’abord devant la glace située à gauche de l’entrée histoire de lui dédier un sourire ravageur tout en se recoiffant.
Ensuite ce fut au tour d’un asiatique à l’air raffiné et aux longs cheveux noirs.
Puis deux jeunes hommes entrèrent à leurs suites : un homme aux cheveux noirs ébouriffés, doté d’un visage quelconque qui affichait un éternel sourire. Il était visiblement plus vieux que son compagnon, bien que la différence d’âge ne devait pas être bien grande. Le dernier était plutôt bien habillé et avait des cheveux et des yeux gris.
Une fois tout le monde entré, Antonio, l’homme aux cheveux blancs, prit la parole, s’adressant à Thomas, l’homme qui semblait adorer se regarder dans une glace :
-Thomas, va chercher ton disciple, j’ai une mission à lui confier, et emmène Mattheï et Ernesto afin qu’ils se rencontrent. Sébastian, tu restes avec moi au cas où.
Tout le monde acquiesça et Thomas monta à l’étage supérieur grâce à un escalier grinçant, suivit par les deux garçons. A peine avaient-ils monté la moitié de l’escalier que des cris de plaisir se firent entendre. Et plus ils montaient, plus ils les entendaient distinctement. Thomas s’arrêta l’espace d’un instant, reconnaissant les gémissements d’une femme puis il regarda Ernesto et Mattheï avec un haussement de sourcil qui voulait tout dire : il y en avait un qui s’amusait et le Gardien avait une idée de la personne que c’était.
Une fois à l’étage supérieur, Eldario rentra dans une chambre de l’hôtel sans même prendre la peine de frapper. Les deux jeunes hommes le suivirent, entrant à leur tour.
La chambre était telle que l’on pouvait s’y attendre dans un tel boui-boui : c’est-à-dire, en langage marketing, une chambre très coquette, lumineuse, dont l’entretien était laissé aux occupants. Autrement dit, elle était petite, sale et crade, et avait pour seule source de lumière non pas une, mais deux ampoules dont une qui se mettait à clignoter par intervalle.
Mais toute la chambre disparaissait, comme happée par la présence d’un homme assis sur le lit. Il était face à Thomas, Mattheï et Ernesto, son bras gauche posé sur sa jambe, un drap entourant sa taille. De son autre main, il tenait le tuyau d’un narguilé qui rompait le silence par un bruit d’aspiration et de bulle qui éclate. Cet homme était grand, très grand, il devait faire plus de deux mètres et il semblait jouir d’une musculature impressionnante. Ses cheveux étaient longs, noirs et mal peignés. Des clochettes d’or parsemait d’ailleurs la dîtes chevelure. Bien que son œil droit soit invisible, caché par un bandeau noir, le gauche était visible : une pupille de couleur jaune observait et étudiait les trois personnages, un œil de loup. L’individu portait de nombreuses cicatrices sur tout le corps mais d’eux d'entre elles semblaient dues à des blessures plus importantes , à savoir, une cicatrice horizontale lui traversant le visage et passant sur le nez et une ayant la forme d’une étoile se trouvant sur l’épaule gauche.
L’homme inspira une dernière bouffée de chicha et il la recracha tout doucement avant d’interpeller le Gardien :
-Hello Monsieur mon Précepteur. Qu’est-ce qu’il y a ? Je suis occupé. Et c’est qui ces deux là ?
Pour être occupé, en effet il l’était comme on pouvait le constater en voyant la jeune femme aux cheveux blonds coupés courts, allongée derrière l’homme aux yeux de loup qui leur tournait le dos et qui visiblement dormait.
Thomas eut un sourire mi-figue mi-raisin et tapota la joue de son disciple du plat de la main.
-Le Boss veut te confier une mission en solo, Cross. Il demande que tu descendes le voir.
-Ah, si Antonio le veut …
Et tandis qu’il se levait pour s’habiller, Monsieur Eldario fit les présentations.
-Et donc il m’a aussi demandé de te présenter ces deux jeunes hommes, car vous êtes de la même génération et il souhaiterait que vous tissiez des liens. Bon les gars, voici l’homme qui prétend au titre de Maître d’Arme. Allez, présentez-vous.
L’homme aux cheveux noirs eut un petit rire tandis qu’un petit sourire se dessinait sur ces lèvres. Ce qui ne plut visiblement pas a Alone.
Le jeune homme aux yeux gris s’avança, salua Cross d’un rapide mouvement de tête et lui dit d’un ton a la fois sec et froid :
-Ernesto Gialepi.
Puis le deuxième, celui qui avait ricaner s’avança également avec un petit sourire et il dit, en imitant Ernesto à la perfection.
-Matthéï, Matthéï Morazzani.
Cross les regarda de l’air blasé de celui qui s’en fout et leur répondit :
-Cross Alone.
Puis il continua de s’habiller avec un dédain évident envers les deux autres.
Voyant un blanc commencé a s’installer le Gardien se décida a intervenir.
-Euh Cross, Ernesto est le chef de la famille Gialepi qui compose l’alliance des Morazzani et Matthéï est le gendre d’Antonio ainsi que le prochain parrain de la famille Morazzani.
Le disciple se tourna vers son mentor tout en agitant une main devant le visage de Matthéï.
-Et alors ? Je vois pas pourquoi et comment je pourrais devenir pote avec eux, je les connais même pas. Et eux aussi ! Regarde les, on n’a pas les même vie, ils sont sapés comme des pingouins et sont méprisant, exactement ce que je déteste !!! Alors dis moi comment …
Alone ne put finir sa phrase, Matthéï avait soudainement attrapé sa main puis lui avait tordu le bras tout en lui faisant une balayette. Très vite Cross se retrouva par-terre, le bras derrière le dos avec le gars aux cheveux noirs assit sur lui. Il n’avait rien vu venir.
Alors que le gendre allait lui dire quelque chose, toujours avec son éternel petit sourire, ce dernier se retrouva soudainement avec le canon d’une arme à feu pointé sur la tempe. Arme elle même-tenue par Gialepi. A l’évidence, et bien qu’ils soient arrivés ensemble, les deux jeunes hommes ne se connaissaient pas plus que ça. Ernesto déclara soudainement à Matthéï :
-Tu as beau être le gendre d’Antonio, cela ne t’autorise pas à malmener une personne, un con certes, pour le simple fait de le …
Cette fois, ce fut lui qui n’eut pas le temps de finir sa phrase. En effet, Cross avait saisit son épée cachée sous le lit, de sa main gauche et posait le tranchant de la lame sur la gorge de Gialepi.
-C’est qui le con ?
Les trois hommes s’entre-regardèrent d’un regard pour le moins menaçant. Le Gardien, quant à lui, fixait l’étrange groupe et sa toute aussi étrange position, se demandant s’il devait intervenir et si oui comment.
Le silence s’éternisa, dura … Quand tout à coup, la jeune blonde se trouvant dans le lit de Cross, se réveilla en s’étirant. Puis, cette dernière vit Cross, Matthéï et Ernesto qui se tenaient mutuellement en respect. Clignant des yeux, elle tourna les yeux vers Cross, affolée.
Soudainement, se rendant compte de la stupidité de la situation, l’épéiste se mit à aboyer de rire, rapidement suivit par les deux autres.
Baissant chacun leur arme, ils se levèrent et se serrèrent la main. Cross prit alors la parole :
-Et donc vous avez à peu près mon âge ? Moi, je dois m’approcher à peu près des 19 ans.
Ce fut le tour du gamin aux cheveux gris de parler :
-Euh moi j’en ai seulement 15.
Cross et Matthéï regardèrent avec consternation le gamin qui ne faisait vraiment pas son âge. Le gendre, après un court instant, appris aux deux autres son âge.
-Moi j’ai 21 ans …
Le disciple et le jeune parrain en eurent la mâchoire qui tombait. Ce gars avec son air enfantin, son éternel sourire, était plus vieux qu’Alone qui faisait facilement 25 ans.
-… Et j’ai un fils de 4 ans.
A ce niveau là, ils étaient plus déstabilisés qu’étonnés. Puis l’homme aux yeux jaunes éclata de rire et passa ses bras autour des épaules des deux jeunes hommes.
-Les gars, z’avez l’air aussi déjantés que moi, je sens qu’on va s’entendre. Finalement, ça c’est une rencontre qui me plait !!!
*****
Le stylet transperça l’homme qui s’écroula dans un râle, en lâchant sa mitraillette. Cross ressortit l’épée du cadavre en prenant appuis sur ce dernier avec sa jambe. Dégageant son arme, il regarda un instant cette lame à la mousquetaire, principalement fait pour transpercer l’adversaire de part en part. Marrant comme arme.
L’épéiste se retourna pour voir où en était Sébastian. L’asiatique finissait d’ailleurs son dernier ennemi. Effrayant. Les Gardiens étaient vraiment effrayants. Cross sentit une excitation naître en lui tandis que sa main serrait plus fort la poignée de son arme. Il se força à souffler pour se calmer.
Lui et Sébastian se trouvaient en France : ils avaient reçu pour ordres d’exterminer un groupe de malfrats français afin de permettre à la famille Morazzani de prendre pied en France, et d’agrandir ainsi son influence. Ils n’étaient que deux, car le groupe ennemi n’était pas censé poser problème, mais du point de vue de Cross, la résistance avait été plus importante que prévu. Les hommes les accompagnant étaient soit morts, soit ils se trouvaient dans d’autres parties du repère. Le Gardien et Cross se trouvaient actuellement dans une grande salle aux murs et sols en acier. Cet endroit, selon les sources, devrait servir à tester les diverses expériences naissant dans le laboratoire des français. Laboratoire se trouvant sous la forme d’un espèce de mobile home situé au fond de cette gigantesque pièce.
Alors que Cross soufflait toujours, Sebastian, très pro, s’avança en direction du dit laboratoire quand la porte de celui-ci s’ouvrit pour laisser place à un homme. De taille moyenne, les cheveux blonds et les yeux verts, il était plus svelte que musclé. Il était habillé d’un pantalon noir serré et ne portait rien au-dessus de la ceinture, bref, il était torse nu.
Ah, autre chose, il portait une étrange épée noire.
Ceci était en effet entièrement de couleur sombre, du pommeau jusqu’à la pointe. Elle ne possédait pas de garde mais à la place se trouvait une sphère, comme une espèce de cage, en métal torsadé en tourbillon qui en se touchant et se joignant formait la dite cage. La lame en elle-même était fine, d’un seul tranchant et elle se finissait par une point acérée.
L’homme regarda le Gardien et l’ex-disciple avec un petit sourire tout en passant sa main dans les cheveux. Il s’exclama tout d’un coup, d’une voix claire, joyeuse et mélodieuse :
-Et bien dis donc, vous avez pas chômé !!! Salut, moi je suis Jester Prod. Je suis sûrement le seul survivant non ? P’tain vous êtes trop forts ! On était au courant qu’une attaque se préparait mais pas de cette ampleur, surtout avec si peu de troupes et seulement deux chefs … on vous a sous-estimé !!!
Il partit soudainement dans un grand éclat de rire. Sébastian et Cross se regardèrent du coin de l’œil, se demandant quel était cet énergumène. L’individu se tenait tout simplement là, riant, debout devant eux. Soudain, le fond de l’air changea et les deux Morazzani se raidirent, sentant une pression naître dans la pièce. L’individu tenait son étrange épée correctement et la brandissait vers eux. Son regard ne rigolait plus, il était froid et sérieux, et soudain son sourire paraissait immonde.
-Bon alors il ne me reste plus qu’à vous tuer moi-même …
Jester s’élança alors avec une rapidité déconcertante vers Sébastian avant d’abattre son étrange sabre. Le Gardien esquiva facilement cette attaque si bien que, toujours avec autant de rapidité, le nouvel ennemi porta une deuxième attaque. Seulement cette fois-ci, le coup fut contré par Cross, et plus précisément par son épée. Un étrange carillon sonna et résonna dans toute la pièce tandis que l’épée noire se mit à vibrer. Cross se demanda si quelqu’un à part lui pouvait profiter de toute la beauté de ce son. Mais il se concentra à nouveau rapidement sur son ennemi tout en parlant à Sébastian :
-Laisse le moi !!!
Et il avança d’un pas brusque tout en poussant avec son épée, envoyant Jester plus loin. Il avait vraiment trop envie de se battre. Il n’attendit pas et se jeta sur lui, essayant de le transpercer avec son stylet. Mais, toujours avec cette étrange rapidité à laquelle s’ajoutait une agilité surprenante, l’homme se releva et abattît son épée sur le torse découvert de Cross qui ne pouvait parer et laissait donc une ouverture.
Le carillon résonna à nouveau.
Une goutte de sang tomba. Suivie d’une autre. Et d’une autre. Et le saignement s’arrêta là. Le sabre noir avait à peine entaillé le corps d’Alone, qui ne saignait que très peu. Jester regarda d’un air étonné Cross : pourquoi n’était-il pas mort ? Quand au borgne, il regardait son ennemi, lui aussi, d’un air abasourdi : comment ce sabre avait-t-il pu le blesser ?
Il se regardèrent pendant une dizaine de seconde avant de se séparer et de recommencer à échanger quelques coups. Au bout d’un moment, l’épée noire partit à toute vitesse vers le prétendant au titre de Maître d’Armes qui ne pût que parer avec sa propre arme, espérant ainsi provoquer une vibration pour que son adversaire perde son arme. Seulement ce n’est pas ce qui se passa et l’extrémité de son stylet se cassa tout simplement, obligeant son porteur à se prendre une nouvelle blessure. Le carillon résonna encore.
Soudain, le cerveau un peu lent de l’homme au bandeau se mit en marche : quelle matière pouvait briser une arme de métal et le blesser ? De l’orichalque ! C’était une épée en orichalque ! Il pouvait donc bloquer cette épée si il s’y prenait correctement. Justement ce fichu sabre noir arrivait dans un grand arc de cercle.
Cross plaça son épée parallèle à lui-même, sa main gauche au doigt raide le long de la lame pour arrêter efficacement le coup. Mais tout ne se passa pas comme prévu. Le sabre noir et le stylet se rencontrèrent en effet, mais l’arme de Cross fut immédiatement et tout simplement coupé, comme une feuille. Tandis que notre héros, ou antihéros c’est comme vous voulez, récoltait une nouvelle blessure celui-ci se demandait comment cela était-il possible que son arme se soit retrouvé coupée ? D’accord elle était pas bien épaisse mais bon …
Voyant son regard surpris, Jester se mit à rire et s’arrêta. Alone recula d’un saut en arrière pour se mettre hors de portée du sabre de son ennemi. Celui-ci plaça son arme devant lui, la tenant d’une main.
-Surpris ? C’est normale. Tu vois, vu que tu vas crever je peux bien te le dire, cette lame peut tout couper, c’est sa capacité : une fois qu’elle entre en contact avec une matière qu’elle ne peut couper normalement, elle entre en résonance avec cette dite matière pour pouvoir la couper avec un étonnante facilité au deuxième coup. Cette capacité est d’ailleurs appelée Résonance. Cette arme est le fruit des recherches menés dans ce laboratoire. Maintenant prépare toi a crever !!!
Et il s’élança avec une soudaine rapidité vers le prétendant au titre de Maître d’Arme, prêt a le tuer en un coup. Sébastian ne bougea pas pour l’en empêcher. La lame allait s’abattre sur Cross. Soudain Jester poussa un cri sans s’en rendre compte, un cri de frayeur et recula en arrière grâce a trois sauts acrobatiques. Son visage était blanc et ses pupilles dilatées. Son regard fixait le visage de Cross. Un énorme sourire était dessiné sur les lèvres de ce dernier tandis que dans son œil unique brûlait de la folie des combats. Cette homme ne semblait pas avoir peur de la mort. Pour Jester, c’était incompréhensible : ce gars était désarmé, il n’avait plus aucun moyen de gagner ce combat et pourtant il avait l’air de prendre son pied, de jouir de jouer avec la vie et la mort comme si il était dans un jeu. Il avait même des grelots accrochés aux cheveux pour que l’on puisse suivre ses déplacements !!! Soudain ce type, non, ce monstre prit la parole d’une voix forte et particulièrement joviale :
-Une arme spéciale c’est ça ? Et bien ça tombe bien, je commençais vraiment a m’ennuyer et puis ça m’intéresse de me battre a mains nues contre un homme armé !
On traitait souvent Jester de fou et de cinglé, pourtant il lui semblait que cette homme était bien plus proche de la folie que lui. Il le regarda enlever sa chemise blanche taché de sang et arraché son bandeau. Ou voulait-il en venir ?
Il fut soudainement agenouillé a terre, appuyé sur la garde de son épée d’orichalque. Une pression d’origines inconnus semblait exercer sur ses épaules une force immense l’obligeant a plier l’échine. Il comprit soudainement que c’était l’aura que dégager ce type, et qu’il l’avait libérer en enlevant son bandeau, un gadget absorbant sûrement et continuellement la force de son porteur. Cette aura était impressionnante, très impressionnante et elle semblait presque physique a Prod. L’un des hommes avec qui son patron travaillait de temps à autres dégageait par sa simple présence une aura de peur, de terreur et de méchanceté a un point hallucinant, pourtant même lui ne dégageait pas une aura si « physique ».
Il se releva difficilement, se mettant a nouveau en garde face a Cross. Ce dernier le regarder d’ailleurs toujours avec un énorme sourire avant de s’avancer en courant vers son ennemi., les poings serrés, visiblement prêt a en découdre aux mains nues. Il visa tout d’abord la tête de Jester qui se baissa juste a temps. Il y eu comme un bruit d’explosion, ou plutôt de détonation juste au dessus de lui. Prod essaya tant bien que mal de reculer car il ne pouvait pas manier son sabre avec si peu de marge d’œuvre. Son ennemi était rapide, malgré sa rapidité surhumaine, il avait du mal a le suivre, et les clochettes dans les cheveux de l’homme aux yeux jaunes ne l’aidait pas pour un sou. Il esquiva difficilement la tempête de coup que tentait de lui porter Alone mais il se prit tout de même un coup de poing en plein dans le ventre. Il y eu a nouveaux ce bruit de détonation et l’homme partît en arrière. Jester se retourna en l’air d’une pirouette et il se remit en garde tout en se tenant le ventre de la main gauche. Comment il avait fait ça ? Il devait avoir quelques cotes de cassés vu la violence du choc et, en effet, il pouvait sentir une douleur fulgurante au ventre.
Son assaillant le regarder avec un air mi-étonné, mi-respectueux. Dans l’esprit de l’homme a l’agilité étonnante, une idée fit son chemin : il devait prendre les devants face à un tel homme, il ne devait pas se laisser impressionner par cette aura et attaquer avant de se faire assaillir. Il prit alors appuis sur une jambe et s’élança, toujours avec une étonnante rapidité, vers Cross. Ce dernier le regarda venir sans bouger … et pourtant, et pourtant … Jester Prod avait l’impression que son œil, l’œil bizarre avec un espèce de quatre stylisé, ne le quittait pas, le fixait en continu, sans jamais sourciller …
Au moment ou l’homme a l’épée bizarre allait frapper Cross, en plein saut, une tornade apparut devant lui, un grand courant d’air qui le frappa de plein fouet, l’envoyant valser en arrière. Comment cette tornade était apparut là ? Comment ? C’est a ce moment là, a l’instant ou il se poser cette question, qu’apparut devant lui le visage souriant de Cross, a quelle que centimètres de sa face.
Peur. La peur. C’est ce que ressentais Jester. Un sentiment primitif remontant a la nuit des temps qui a le plus souvent marqué l’histoire. La peur que ressent un être par rapport a un autre, qu’il soit divin ou terrestre, la plus vielle peur de l’humanité est la peur que ressent une proie face a son prédateur. C’est exactement ce que subissait Prod. Il était face a un prédateur, face à un homme qui le dominait totalement et il était sans défense, sans possibilité de contre, de parer ou d’esquiver. La peur totale. La domination totale. Le temps semblait s’étirer a n’en plus finir. Il ne fut pas surpris quand le coup de poing arriva. Il s’attendait a ça. Il sentit l’impact s’imprimer sans sa chair. Il sentit les phalanges de son adversaire s’enfoncer dans son flanc. Il sentit la douleur naître a partir de rien et s’étendre au reste de son corps. Il sentit ses cotes cassés se briser encore plus, tandis que celles en état se courbait et finissait par casser sous l’impact. Son oreille n’entendait plus rien, elle n’écoutait plus rien et n’était plus sensible qu’à un seul bruit, celui de la détonation, tandis que paradoxalement ses sens étaient exacerbés au plus hauts points.
Puis l’instant prit fin, s’arrêtant tandis que le temps reprenait son cours. Jester partit en arrière, lâchant son épée avant de toucher le sol sur lequel il roula. Affaiblis, blessé a mort, il se releva sur un coude et regarda son bourreau ramasser son arme. Cross, une fois la chose faîte, s’avança vers le blessé en tailladant l’air avec sa nouvelle lame. Puis il s’arrêta a quelques mètres de son adversaires en train de regarder le sabre qu’il maintenait en l’air devant lui.
-Cette arme … elle semble faîte pour moi, même sa capacité me correspond ! Et cette musique quelle produite ! Une véritable sonate ! Oui ! C’est ça, Sonate, telle sera ton nom, j’ai enfin trouvé MON arme !
Puis son regard se posa a nouveau sur Jester, et celui-ci compris qu’il allait crever. Il se releva alors avec difficulté tandis que ses yeux devenaient rouges, ses ongles noirs longs et acérés, et ses canines pointus : Cross compris d'où lui venait cette agilité et cette rapidité : c’était un vampire, une saloperie de suceur de sang ! Il allait la décapiter cette bestiole quand il entendit un cri derrière lui. Se retournant avec rapidité, l’épée brandie, il vit Sébastian qui reculait face à une ombre ressemblant étrangement a un humain, a l’aspect vaporeux. Le Gardien se tenait la poitrine tandis qu'un filé de sang s'écoulait entre ses doigts. Du sang s'écoulait aussi du bras gauche de l'étrange être, un membre métallique aux doigts griffus et acérés. Sur la main artificielle, on pouvait voir une rose gothique gravée,
Alone ne savait pas ce qu'était ou qui était cette chose mais elle était très forte pour avoir réussit a blesser un Gardien aussi facilement. C'est a ce moment là que notre (anti-)héros entendit un bruit derrière lui qui lui fit légèrement tourné la tête ce qui lui permit de voir Jester qui sautait sur lui a toute vitesse, dents pointus et ongles noirs acérés levés, prêt a frapper.
Cross recula d'un pas, d'un unique pas a l'instant même où Prod attaquait, ce qui lui permit d'éviter cette attaque sur-rapide avec une facilité déconcertante. Un sentiment d'incompréhension et de panique s'alluma dans les prunelles du vampire tandis que Sonate s'abattait sur son visage avant d'entamer son torse: comment ce gars avait-t-il pu l'éviter ?
La réponse est simple (mais un peu compliqué, noté la nuance) cher lecteur: tout être humain, bon disons tout humanoïde, aussi rapide soit-il, vois sa vitesse décroitre avant la réalisation d'une action, du au fait qu'avant que celle-ci ai lieu, le cerveau doit envoyer un ordre aux muscles tandis que ces derniers doivent obéir tout en équilibrant les forces mises en œuvres pour l'action afin de ne pas endommager le corps. Dans le cas-ci dessus, Jester, bien que très rapide, a eu besoin de ce bref temps avant de porter son attaque, et Cross en a alors profité, de ce faible temps pour esquiver malgré le rapidité surnaturelle du vampire. Bien sur, une autre personne que Cross n'aurait pu réussir ce coup la, parce que Cross ignore tout simplement la peur ce qui lui permet de n'avoir aucune appréhension et donc d'avoir un temps de réaction plus élevé que Jester, a l'instar de certaine bête sauvage, ainsi qu'un sang-froid a tout épreuve lui permettant d'analyser, selon la posture de l'ennemi, les opportunités d'attaques et d'esquives a sa disposition. Le fait qu'il ne soit pas très futé et qu'il réagisse tout simplement par instinct doit aussi avoir son rôle a jouer dans l'histoire.
Le vampire s'écroula en hurlant, se tenant son orbite déchiré et son torse sanguinolent. Son épée noir ! Cette homme l'avait rendu d'une façon qu'il ignorait encore plus coupante qu'avant. Le vampire leva son œil valide comme une ombre s'étendait sur son visage: l'homme aux yeux jaunes le regardait avec un petit sourire, le sabre levé, prêt a frapper, ses lèvres remuant, transmettant un message inaudible a sa futur victime: « Game Over ».
Mais alors que l'épée nouvellement appelé Sonate commençait sa descente fatale, elle fut arrêtée par un bras en métal dans un bruit assourdissant.
L'homme d'ombre était là. Il était sortit du sol, ou plutôt de l'ombre de Cross Alone. Son bras s'était interposé entre la lame et Jester et était a peine entaillé. Deux yeux rouges, brulant de haine regardait Cross droit dans les yeux. Les deux hommes s'entre-regardèrent pendant un moment, puis en instant l'ombre s'étendit, entourant le vampire, qui disparut, avant de disparaître en filant sur le sol.
Cross resta la sans bouger, puis il se mit à marcher en direction de Sébastian, se demandant qui était cette homme d'ombre, quelle était cette étrange organisation dont faisait partit Jester Prod, et quelle était cette étrange rose qui lui disait étrangement quelle que chose ?
Portant le Gardien par une épaule et Sonate par sa main libre il soupira:
-P'tain ! Quelque chose me dit que ces gars, cette ombre et ce vampire, c'est une rencontre que je vais regretter. Pfuuuu !!!
Ce qui gênait surtout Cross, c'était l'inévitable compte-rendu qu'il allait falloir rendre a Antonio a cause de ces deux gugusses, c'était la chose qui l'emmerdait le plus …
Si seulement il avait pu connaître le futur …
Une simple rencontre, tout commença par une simple rencontre …
Pour être plus exacte, l'homme aux yeux jaunes ne l'avait pas encore compris, mais sa vie était rythmée de rencontres.
Chapitre 4: Ami ou ennemi ?Cross regardait le ciel gris, lourd de nuage. Il était allongé là, à terre, bercé par la symphonie de la pluie tombant sur le pavé. Son regard se ternissait de plus en plus tandis qu'une flaque de sang s'étendait sous lui.
Sonate, son épée, était fiché dans le sol a quelques mètres de sa position. La peau de son flanc ainsi que celle de sa joue et du cou semblait bruler, non pas d'un feu intense, mais d'un feu braisé, incrusté dans la peau est impossible a enlever, tandis qu'une odeur de chair bruler semblable a du porc cramé s'insinuait dans ses narines.
Autour du Maître d'Armes, plusieurs cadavre l'entouraient, leurs sang s'écoulant et se mélangeant tandis que l'eau l'éclaircissait de plus en plus, le rendant rouge clair puis rose. Ils avaient été amis et ennemis de Cross, et la mort les rapprochaient plus surement que n'importe quelle lien.
Oui, la mort l'entourait. Il n'y avait pas un bruit. Tout était immobile a part l'eau qui tombait sans arrêt et la poitrine de Alone: elle se soulevait, inspirant une bref bouffé d'air, avant de se rabaisser et de l'expirer. Mais même ce mouvement, ce simple mouvement qu'est la respiration, se faisait de plus en plus faible, de moins en moins ample.
Son regard parcourant les cieux, Cross se demandait comment tous ça avait pu arriver. Il aurait pu, il aurait du prévoir ce qui allait ce passer et donc l'empêcher, il avait eu des indices avant, bien avant cet accident, ces meurtres, ces combats.
Tandis qu'il s'enfonçait de plus en plus profondément dans la douceur des ténèbres, il se rappelait certain souvenir, de vieux et chères souvenirs, époque révolue où il pensait enfin avoir trouver sa place …
******
4 ans auparavant …Alone se regardait dans le miroir. Il était dans une espèce de petite tente ou quelque chose comme ça … pour être honnête il ne savait pas vraiment mais il s'en foutait … il était bien trop nerveux et stressé pour faire vraiment attention a ce qui l'entourait car aujourd’hui, il … il … il se mariait !
Le Maître d'Arme était donc habillé d'une manière qu'il jugeait extravagante: il portait un costume blanc, très blanc, qu'il n'aurait jamais mis en temps normale par peur d'être repéré par n'importe quel ennemi. Cependant, c'était sa future femme qui l'avait choisi et elle le trouvait très beau avec ces habits. Même sa belle-mère qui ne l'aimait pas lui avait dit qu'il était « pas trop horrible et que ça rattrapait ses horribles cicatrices ». Par dessus cet habit, il avait la Cape des Honneurs du Maître d'Armes que sa femme trouvait si belle.
Ses cheveux était peignés et même sa mèche blanche, héritage des combats qu'il avait dû mené pour devenir Maître d'Armes né d'une blessure lui ayant ouvert le cuir chevelue, était rabattu en arrière. Toutes ses clochettes était enlevées de ses cheveux et il portait pour unique bijou sa boucle d'oreille en forme de croix chrétienne dont les trois extrémités du haut était relié par un petit cercle.
Il ne portait pas Sonate et aucune autre arme sur lui et la seule chose qu'il gardait de sa tenue habituelle était le cache-œil situé sur son orbite droit, afin que la cérémonie ne soit pas gâchée à cause du pouvoir de ce qu'il avait nommé l'œil de Rân.
Il était donc là, devant le miroir, troublé, stressé et nerveux, se demandant ce que cette femme avait bien pût lui trouver pour bien vouloir l'épouser car il savait bien qu'il n'était pas l'homme le plus beau du monde, ni le plus drôle … alors comment pouvait-il se marier avec une telle beauté ?!
Tandis qu'il restait là, se torturant l'esprit, un des pans de la tente s'ouvrit brusquement. Alone se retourna brusquement pour faire face à des potentiels assaillants mais il se retrouva nez-à-nez avec Matthéï et Ernesto qui souriait jusqu'aux oreilles.
-Alors est ce que le futur marié est prêt ? Demanda le plus vieux des deux, un énorme sourire aux lèvres.
-La future victime tu veux dire ? Rajouta Ernesto
-Hum le sacrifié je dirais même ! Amplifia a nouveau Matthéï en rigolant ouvertement,
-Fermez la, les gars, c'est pas marrant.
Le Maître d'Armes était tous rouge, il ne supportait quand ses deux amis se mettait ensemble pour se moquer de lui.
Le futur parrain de la famille Morrazanni s'approcha alors de lui et lui remit en place sa cravate qui était un peu froissé.
-Calme toi, Crossounet, c'est pas la pire chose du monde de se marier … crois en mon expérience c'est un événement unique dans ta vie …
Petit clin d'œil a Gialepi.
-Avant le divorce !!!
Le pauvre Alone resta là, devant deux grosses endives en train de pouffer de rire.
-Vos gueules les mecs … vous pouvez pas savoir comme je suis stresser ! J'ai envie de partir en courant en ce moment même.
Matthéï se releva difficilement, la larme à l'œil et en se tenant les côtes.
-Ouh, ça c'est normal Cross, moi même quand je me suis marié, j'ai franchement hésité à m'enfuir de l'autre coté du monde mais après je me suis dit que si jamais ma femme me mettait la main dessus, je risquais de passer un très sale quart d'heure. Elle peut être parfois pire qu'Antonio.
Gialepi se releva a son tours, un grand sourire dédié a Cross malgré son regard gris toujours sérieux. Il prit soudainement la parole:
-N'empêche, qui aurait cru que toi, Cross Alone, le plus fou de combat et le plus scarifié de toute la famille, finirais par te marier ! Comme quoi tout arrives !!!
-Quoi ?! Tu ne sais pas comment il se sont rencontrés ?!
-Siiii ! Mais vas-y raconte, je ne m'en lasse pas !
-Bah c'est simple, quand il est rentré dans ce bar, là, je ne me souviens jamais de son nom, et puis merde, donc quand il est rentré dans ce bar, et bien c'est la seule personne qui ne s'est pas enfuie ou qui ne s'est pas évanouie en le voyant !!!
Et voilà. A nouveau Cross était en train de trembler de rage devant deux abrutis qui se tordait le ventre à terre.
Ils finirent par se relever tous les deux, agités de soubresauts, avec un léger rire s'échappant par moment de leur lèvres. Matthéï vint poser sa main sur l'épaule de Alone, reprenant difficilement son souffle.
-Ne t'inquiètes pas, on rigole mais on est avec toi, Gialepi et moi. On est là pour te soutenir. Après tout, on forme le Brelan d'As des Morazzani !!! Les trois plus forts membres de la famille !!! Moi le premier, Gialepi le deuxième, et toi le troisième !!! Plus fort que mon beau-père !!! Bouhahaha !!!
Alors que cette phrase était censé rassuré Cross, le déstresser, son visage s'assombrit.
-Dis, Matthéï, tu y crois vraiment à cette histoire .
Le visage du futur parrain et du chef de la famille Gialepi s'assombrit. Le plus jeune des trois rompit le silence.
-Cross … tu penses aux Gardiens n'est ce pas ?
-Ouais, mais pas seulement, je pense aussi qu'Antonio n'est pas aussi gâteux qu'il semblerait. On nous cache beaucoup trop de chose, même à nous … j'en viens même a me demander ce qui s'est réellement passé avec les Monte-Gracia … si ils on réellement essayé de nous attaquer ...
Les deux amis regardèrent leur aîné avec un visage demandant des réponses tandis que ce dernier avait un aire particulièrement sombre qui ne lui allait pas. Puis, soudainement, son sourire réapparut et il se mit a rigoler:
-Enfin les gars, arrêtez !!! On ne vous cache rien que vous devez a voir, promis !!!
Dehors, des cris de joies se firent entendre, des sifflements et des applaudissements tandis la musique des marches nuptiales commençait.
Matthéï se mit a rire franchement tout en prenant le Maître d'Arme par le bras, le tirant vers l'ouverture de la tente.
-De plus, ce n'est le jour a penser a des choses aussi sombre, allez viens, c'est le plus beau jour de ta vie !
*****
La pluie rythmait ses souvenirs, les embellissant, l'emplissant, l'enivrant. Cross se sentait de plus en plus partir a la dérive, il ne ressentait plus la douleur ni la souffrance. Tandis que sa respiration s'affaiblissait, il entendait au loin des phrases et des cris: les renforts, non, les secours arrivaient mais il était déjà trop tard. Un ami était mort, l'autre avait trahis: c'était son univers qui c'était écroulé, il n'avait plus envie de vivre.
Comment cela avait-il put arriver, comment cela c'était-il passé.
*****
15 minutes avant …L'explosion eut lieu juste devant lui. Pris dedans, Cross ressentit une vive douleur tout en partant violemment en arrière. Il roula sur quelques mètres avant de finir sur le dos. Pas très loin de sa position, Sonate, qui lui avait échappé des mains lors de la détonation, se ficha dans le sol avec un tintement mélodieux.
Son flanc, sa joue et le coté gauche de son visage le faisait atrocement souffrir. Sa peau brulait d'un feu braisé et ardent a la fois. Il avait l'impression d'être sur le grill d'un grand chef cuistot spécialisé dans les barbecues un peu trop saignant. Il ne manquait plus que le sel, le poivre et les épices, et il aurait été à croquer.
Cross tourna alors la tête avec difficulté, en poussant un grognement de douleur, et scruta les alentours. Tous ses hommes étaient morts et il en était de même pour les ennemis qui s'était trouvés ici. Mais l'épéiste savait bien que les hommes qu'ils avaient tués n'étaient qu'une toute petite partie d'un tout.
Ses ennemis. Il n'arrivait toujours pas à le croire. Mais si … peu à peu, sa conscience se conformait de plus en plus à cette réalité auquel il refusait d'adhérer. Il se battait bel et bien contre les Gialepis.
Tous c'était passé tellement vite. L'assassinat de Gialepi, l'incendie criminel de la base, la disparition de la famille Gialepi. Il avait alors conduit un groupe d'homme contre ce que l'épéiste pensait être un groupe dissident des Gialepis. Cependant, il ne s'attendait pas à une telle résistance et organisation, et surtout il ne s'attendait pas à l'affronter LUI.
Ernesto sortit de l'ombre et s'approcha, armé de son fusil de précision dans la main droite. Son style de combat n'avait jamais plu à Cross. Il n'appréciait pas le combat a distance et Ernesto en était un spécialiste. De plus il possédait une faculté qui lui convenait tout a fait. Seulement, il n'était pas indemne et une tâche rouge s'élargissait peu à peu sur sa chemise. Le chef des Gialepi s'avançait donc en rechargeant son arme avec une nouvelle munition explosive tandis que la douille précédemment utilisa vola en l'air avant de heurter le sol et de rouler sinistrement.
Cross releva difficilement la tête et cracha quelques mots.
-Pourquoi as tu fais ça, Ernesto, pourquoi ?!
Le regardant droit dans les yeux, son ennemi se passa une main dans les cheveux en soupirant.
-Pourquoi Cross ? Parce que les Morazzani ne représentent plus rien pour moi, ils ne sont plus qu'un fardeau qui m'empêchent de faire ce que je souhaite et qui me prive de ce que je veux atteindre … et aussi parce que n'en pouvais plus d'être lié à une famille qui ne font que nous manipulés tout en nous cachant la vérité !
Cross déglutit devant le regard inquisiteur de son ami. Le sang s'écoulait de sa blessure, il souffrait de plus en plus, mais bientôt il savait qu'il ne ressentirait plus rien, anesthésié par la mort. Il cria autant qu'il put, autant dire que seule une voix faible et cassé sortit de sa gorge.
-Comment ça ?! De quoi veux tu parler ?!
Ernesto écarta les bras et se mit a parler avec force.
-Que sont les Gardiens ? Qui sont-ils ? Quelles sont les étranges artefacts qu'ils utilisent ? Que c'est il vraiment passé avec les Monte-Gracia ? Tu ne t'es jamais posé ses questions, pourquoi on nous mentait et ne nous disais pas la vérité ? Afin de mieux nous manipuler Cross, de mieux nous diriger car Antonio et les grands-chefs savaient très bien que si on connaissaient la vérité, l'Alliance et la Famille exploserait, s'éparpillerait !!! Moi, je connais maintenant une partie de la vérité Cross, je sais réellement ce qui s'est passé avec les Monte-Gracia, on me la révélé ! N'as tu pas envie de briser les chaînes qui te relient au Morazzani, Maître d'Armes ? N'as tu pas envie de connaître la vérité ?
Le chef des Gialepis était maintenant tout proche de l'épéiste et il se penchait vers Alone, lui tendant la main. Le regard de Cross se fit hésitant, son bras se leva avec difficulté tandis que sa main tremblotante s'approchait de celle de son ex-ami. Il pouvait en effet savoir la vérité, enfin. Il saisit la main de Ernseto. Mais avant que celui-ci ne le relève, l'épéiste accrus sa poigne.
-Dis moi seulement une chose Ernesto …
-?
-Est ce que c'est toi qui à tué Matthéï ?
-Oui …
-Pourquoi ?
-Parce qu'il m'avait découvert, il savait ce que je préparais et aussi parce que lui aussi connaissait des choses et nous les cachaient …
Cross regarda le parrain des Gialepis droit dans les yeux avant de sourire et de se laisser relever, mais alors qu'il était debout et qu'Ernesto allait lâcher sa main, lui la saisit avec force empêchant son « ami » de se dégager. Le Maître d'Armes regardait maintenant le sol et seul un murmure sortit de ses lèvres.
-Et alors …
-Qu'est ce tu dis ?
-Et alors ça te donnait le droit de le tuer ?! C'est pour ces raisons que t'as tué ton pote ?!
Et en même temps qu'il prononçait cette phrase, son poing partit dans les côtes de Gialepi qui ne put l'éviter vu qu'il le tenait par la main. Les pieds d'Ernesto décolèrent de quelques dizaines de centimètres du sol tandis que du sang coulait de sa bouche ouverte et qu'un bruit d'os cassé rompit le silence de mort du lieu.
Sous la puissance du coup, Cross lâcha la main de Gialepi qui fut rejeter an arrière, néanmoins ce dernier ré-atterrit sur ses pieds et se maintint debout malgré l'attaque qu'il venait de subir. L'épéiste avait eu une impression bizarre, comme une sensation d'amortissement de son onde de choc qui n'avait pas été aussi fort qu'il l'avait pensé.
Ernesto leva alors soudainement le canon de son arme et tira sur l'homme aux yeux jaunes qui s'attendait a recevoir une nouvelle balle explosive. Quelle ne fut pas sa surprise quant il reçut de plein fouet une vibration semblable a une onde de choc qui l'envoya a nouveau à terre.
Tandis qu'il toussait, la bouche pleine de sang, Gialepi lui expliqua:
-L'homme avec qui je me suis allié m'a donné une nouvelle capacité, celle de pouvoir absorber une partie de l'attaque que je viens subir et de pouvoir transférer la capacité qui m'a atteinte dans des balles prévus a cette effet. Combiné a mon don me permettant de voir a travers les objets de lourdes densités, je pense que je passe premier parmi les Trois As des Morrazanni …
Cross qui n'avait même plus la force de lever la tête, qui se sentait partir à la dérive lui répondit:
-Non, ce n'est pas possible, même avec ce don tu n'aurais pas pu tuer Matthéï sans recevoir aucune égratignure, alors soit tu l'as eu en traître alors qu'il te faisait confiance, soit à été aidé …
-Un peu des deux en faîte, le coupa son ex-ennemi, le forçant a le regarder malgré ses faibles forces.
Les ombres présentes autour d'Ernesto se rassemblèrent pour former une silhouette vaguement humanoïde, doté d'un bras métallique et d'yeux rouges rubis brulant de haine. Sur la main métallique de cette chose, ou pouvait voir une rose gothique gravé.
Le visage du Maître d'Arme se décomposa. C'était cette homme qui avait aidé Ernesto a tué Matthéï, cet homme qui l'avait incité a ces actes. L'épéiste se perdit dans ses yeux brulant de colère et destruction. Et de puissance.
Une voix caverneuse et grave, dure comme le roc, froide comme la glace et grinçante comme le verre:
-Il faut y aller Ernesto, il faut s'en aller maintenant. Tu n'as plus qu'a le tuer, qu'a tuer cet homme et plus rien ne t'attacheras à ton passé, tu pourras, avec mon aide, recommencer une nouvelle vie à Domingo, une nouvelle vie sans les Morazzani, sans les Gardiens, sans Antonio, sans Matthéï et sans Cross Alone, ce type dont tu as toujours envié la liberté, libre comme l'air. Aller. Tue le et partons.
Tandis que cette ombre se mouvait autour de son ex-ami, sans quitter des yeux Cross un seul instant, Ernesto leva son arme avec hésitation avant de le rabaisser.
-Non, je ne le tuerais pas. Car c'est sans doute l'homme que j'ai le plus respecté durant toute ces années.
Les mouvements de l'Ombre se firent plus agressifs.
-Quoi ?! Non !!! Tu dois le tuer, sinon tu n'arriveras jamais a tourner la page !!! Tue le !!!
Gialepi ne répondit pas et resta prostré sans rien dire et faire, regardant Cross droit dans les yeux. L'Ombre poussa un râle de rage, puis passa devant Ernesto, s'approchant de l'épéiste qui n'arrivait pas a bouger malgré ses efforts.
-Si tu n'es pas capable de le tuer, je vais le faire moi même afin que rien ne te rattaches aux Morazanni !
Maintenant, la chose se tenait devant Cross, un certain plaisir présent dans les yeux alors qu'il levait son bras métallique aux doigts acérés pour porter un coup fatal. Mais tandis que l'instrument de mort s'abaissait, il y eut un bruit de détonation et le membre d'acier se brisa.
L'Ombre se retourna et cria sur son allié.
-Mais qu'as tu fait ?! Pourquoi as tu fait ça ?!
Le tireur ne prêta pas tout de suite attention à la chose qui lui criait dessus, occupé a recharger son arme. Puis Ernesto leva la tête vers l'Ombre et il lui dit:
-T'as rien compris !!! Tuer ce mec ne servirait a rien, si tu tiens tant a le faire souffrir, c'est le fait de survivre qui lui sera la plus insupportable !
La chose sembla hésitante, mais soudainement sa forme vaporeuse sembla se mouvoir de façon … joyeuse. Elle regarda Cross cinq minutes avec ce qui semblait être un sourire. Puis l'Ombre s'approcha de Ernesto Gialepi, parrain des Gialepis, avant de l'entourer et de le faire disparaître dans les replis de son être. Puis, dans un tourbillon de ténèbres elle disparut, laissant l'épéiste seul, livré à ses doutes et à son échec.